J’ai tenté de faire le tri dans des vieux billets. Les ranger par année et mandats. Un travail un peu long, et pour quelle utilité ? Mettre en ordre les traces numériques qu’on laisse derrière soi. C’est un peu futile tant le travail est titanesque.
J’ai suivi longtemps des fils Twitter d’ami(e)s décédé(e)s: avaient-ils nettoyé leurs comptes auparavant ?
Sans doute pas.
Bref.
En triant ces billets politiques de Sarkofrance, j’ai du passer en revue des mois, des années d’évolution et de doutes. L’avantage du blog politique est qu’il permet d’écrire plus longuement que ces quelques mots d’humeur lancés sur les réseaux sociaux. J’ai ainsi pu relire la progressive déception, l’incompréhension manifeste devant l’évolution politique que se déroulait devant nous.
Et en même temps, la colère qui montait en parallèle.
En relisant quelques-uns de ces billets des deux quinquennats précédents, j’y ai senti la perception grandissante de que la lutte des classes remplaçait les autres clivages.
L’antisarkozysme avait brouillé le combat politique. Le Hollandisme gouvernemental l’a « paradoxalement » clarifié. Le renoncement de Hollande, qui a permis l’élection surprise de Macron, a précipité cette situation.
Nous y sommes. Non pas que cela me réjouisse. Je sens qu’une fraction croissante d’ex-camarades militants ou sympathisants socialistes le comprennent enfin. La question n’est même plus dans cet illusoire combat de la droite contre la gauche.
C’est une bien une classe dominante mais minoritaire qui gouverne.
Elle a ses représentants, ou ses travailleurs détachés devrions-nous dire. Certains n’en sont pas, mais ils sont zélés dans leur ouvrage. Ils pensent sans doute sincèrement qu’un jour cela va « ruisseler » pour eux. Pour se rassurer, ils ressassent combien ils détestent la personne de Mélenchon (est-ce seulement le sujet ?), combien il n’y aurait pas d’alternative (vraiment ?), combien le programme des autres est irréaliste, etc.
Cette lutte des classes n’a pas trouvé sa traduction politique. C’est un constat parfois désolant, mais qu’il faut bien faire.
Les insoumis, le Media, les économistes atterrés, Fakir, la joyeuse troupe de Charline Vanhoenecker, les éditos faussement humoristiques de Nicole Ferroni, Acrimed, le Monde Diplo, Politis, The Atlantic, l’Huma, quelques socialistes, les communistes, la liste de celles et ceux qui relatent ou combattent, mais toujours s’opposent au monopole politique de la France d’en haut, est longue et fragmentée.
Combien de temps avant la convergence des idées, des mouvements et puis enfin des luttes ?