Hadopez-moi


Je suis à contre-courant de certains amis blogueurs et de ma famille politique sur la loi Hadopi. Je n’argumenterai pas sur tel ou tel article de cette loi. J’ai juste envie de vomir en entendant les bétises crânes des uns, et  les appels « à la liberté du partage » des autres .

Un peu de retenue, un peu de bon sens.

Un responsable de la Quadrature du Cercle, il y a quelques jours sur France Culture, m’explique que la création est un secteur riche, que le cinéma vit très bien, que le piratage ne gêne pas. Puis voici un appel de blogueurs intitulés « Je prends le parti des pirates. »

Ces gens essayent de me convaincre que partager les oeuvres des autres, sans demander à ces derniers leur avis, bien entendu, est une pratique  » inscrite dans la révolution numérique.« Ah… voici le fameux argument du « progrès contre lequel on ne peut pas lutter.« Je le connais bien cert argument, c’est celui que Sarko me sert à longueur de journée depuis 20 mois sur tous les sujets. les « Quadratés » ne sont pas gênés d’utiliser un bon vieil argument conservateur de droite.

Sans jouer au vieux con (quoique), je me rappelle cette belle maxime: « Entre le fort et le faible c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit »

Ah…. Chers amis quadratés, j’espère que vous êtes commerçant, et si possible libraire. Que vous puissiez mettre vos belles idées en pratique, et laisser chacun emprunter vos livres, sans les vendre. Je serais ravi d’aller picorer gratos chez vous. Et si vous êtes artiste musicien, chanteur ou réalisateur autoproduit, n’hésitez pas. Mettez en ligne gratuitement vos oeuvres sur le Net. Partagez-les. Rien ni personne ne vous en empêche. Même pas Hadopi.

Que le piratage serve d’abord à ses mastondontes de FAI, aidés de ces charmants fabricants d’ordinateurs polluants, à nous vendre du « haut-débit » à 30 euros par mois, ne dérange également personne chez les « Quadratés« .

« It’s a free world »

A mes enfants, j’explique que la chanson de Mylène Farmer ou de Diam’s qu’ils aimeraient avoir, c’est 1 euro. Que je pourrais la trouver gratos sur Internet, sans souci. Peut-être parce que leur mère est commerçante, et leur oncle musicien, et mon pote Michael producteur. Il a créé son petit label de rock il y a 10 ans, préfère qu’on achète les albums de ses artistes. Oh.. Il ne vend pas beaucoup Michael… 2000, parfois 5000 exemplaires par album. Mais c’est déjà ça. Mes enfants comprennent.

Un autre ami produit des « petits » films cette fois-ci. Dans sa « niche », il sait qu’il ne gagnera pas ou peu d’argent sur ses films. Il rêve de connaître un jour le succès de « Séraphine« . Il sait surtout que si tous les « Séraphine » à venir continuent d’être « partagés » gratuitement par une foultitude de gentils internautes, son film n’existera plus.

J’entends déjà la critique: « Beurk ! Tu défends le capitalisme, un système qui marchandise la culture et avilit l’homme. »

Lutter contre la censure politique, culturelle ou économique, oui.

Lutter contre les dérives sécuritaires, le flicage de nos données personnelles, oui, mille fois oui.

Mais lutter contre la bêtise aussi.

Hadopez-moi.

12 réponses à « Hadopez-moi »

  1. hi hi hi tu triches tu réponds en plus de 140 caractères 🙂

  2. La citation complète (qui est de Lacordaire, fondateur du christianisme social) est « entre le riche et le pauvre, entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

    Mais ton raisonnement est faussé sur un point crucial : il existe plusieurs catégories de forts et de faibles. Internet est ce qui permet aux artistes de s’affranchir des producteurs et d’entrer en contact direct avec leur public. c’est donc un outil d’émancipation. Hadopi est ce qui maintient les artistes sous la coupe des producteurs, du moins pour la musique. Pour le cinéma, c’est différent, mais la développement d’Internet n’a en rien fait diminuer le nombre d’entrées vendues en France. C’est peut-être sur les DVD que cela pèse, mais ce n’est pas sûr : je crois que ce qui pèse sur la vente des DVD est que les utilisateurs préfèrent d’autres méthodes de stockage et de visionnage des films que le DVD qui est encombrant et onéreux. Le multimédia a là un temps de retard sur les goûts du public, sauf le gratuit qui a un temps d’avance.

    Par ailleurs, il faut dire que si la télé n’avait pas habitué depuis longtemps les spectateurs à voir les films gratuitement, ils seraient sans doute plus enclins à les payer…

    Enfin, Internet a une philosophie de partage et d’abondance, la logique de la Hadopi est d’instaurer le rationnement, qui peut s’en satisfaire ?

  3. l’argument de la liberté du partage est spécieux je te l’accorde, mais il ne faut pas oublier qu’on a tous grandi avec des K7 enregistrées. Mais bon ce qui m’inquiète le plus dans cette histoire est le fait que le Juge soit remplacé par une commission (composée et nommée par qui, je ne sais même pas si la loi le précise) ce qui serait inquiétant pour la suite.

    la CNIL étant dans l’état que l’on connaît qui garantira les informations de nos IP, si tout hasard « quelqu’un » (c’est jamais soi-même qui pirate, ça aussi c’est « rigolo » dans l’argumentaire anti-HADOPI) utilise sa connexion. Personnellement je ne souhaite pas que mon adresse IP (même si je ne suis pas complètement boulet et sais pertinemment qu’en commentant sur un blog, je l’ »offre » au taulier) soit entre les mains d’une autorité dont l’indépendance n’est pas garantie

  4. Hervé, (1) personne n’interdit aux artistes de mettre en ligne gratos leurs oeuvres sur le Net. C’est complètement faux de considérer qu’Hadopi empêche cela; (2) ce n’est pas Internet qui est en cause dans mon propos (c’eut été étrange), c’est le fait de … pirater. J’ai l’impression d’une immense tartufferie… Désolé.

  5. Vision intéressante des choses. Mais je la trouve incomplète.

    La quadrature du n’est pas forcément du côté des « pirates » même si sa position aujourd’hui en arrange beaucoup. Les demandes de la quadrature sont clairement expliquées ici : http://www.laquadrature.net/fr/demandes

    Elle ne prône nullement le téléchargement illégal.

    Le problème de cette la est que le gars, comme vous, honnête, qui pense que rémunérer les artistes est normal et nécessaire risque de se faire accusé à tord. Car cette loi est inapplicable.

    N’importe qui pourrait très bien falsifier votre adresse IP à plusieurs reprises pour télécharger des oeuvres protégés pas divers moyens. La solution proposée n’est pas fiable et dangereuse. Il suffit d’avoir un minimum de connaissance en réseau pour cacher ses traces.

    Aujourd’hui on décrypte une clef WEP (WIFI) en moins de 10 minutes. Il y a plus de 5 clef WEP disponible dans mon immeuble. Bonheur pour le pirate qui voudra utiliser l’adresse IP de son voisin à des fins illégales.

    Solution de Hadopi contre ça : aucune.

    Comble de cette loi imbécile : installer un filtre sur tous les ordinateurs pour analyser les communications. Ce n’est ni plus ni moins l’équivalent des écoutes téléphoniques mais destiné à défendre des intérêts privés. On ne parle de sécurité d’Etat ici. Juste de manque a gagner de certaines sociétés. Il s’agit d’une loi liberticide basée sur la présomption de culpabilité.

    Pour rappel ces mêmes majors on déjà réussi à faire passer une taxe sur vos CD / Cartes Mémoire / Disques Dur qui contiennent vos photos de familles et cela, sous le simple prétexte qu’on vous présume coupable d’y mettre des ouvres obtenus illégalement. Vous me direz certainement que c’est normal et que vous êtes fier de payer pour ça.

    Une loi est nécessaire pour donner un cadre juridique APPLICABLE, tout en préservant la liberté de chacun, et enrayer cette vague de piratage. C’est une évidence, Internet ne peut pas rester une zone de non droit. Le problème est que cette loi ne s’appelle pas Hadopi.

  6. « une pratique ” inscrite dans la révolution numérique.“ »
    « les “Quadratés” ne sont pas gênés d’utiliser un bon vieil argument conservateur de droite. »

    Je trouve un peu déplacé de faire l’amalgame entre l’association la Quadrature du net et le mouvement pirate dont vous parlez. La quadrature n’a rien à voir avec ça, c’est uniquement une association qui lutte pour la liberté des internautes et la neutralité du réseau. Je ne les ai jamais vu encourager le piratage ou inciter à partager les oeuvres sans autorisation.

  7. Bien le bonjour à toi.

    Même si je ne commenterai pas sur ton pseudo assez évocateur, à moins que je n’en ai pas saisi le subtil jeu de mots, je suis à 200% contre cette loi pour 2 bonnes et simples raisons:
    – d’une part, le concept de manque à gagner est complètement débile car, dans mon cas en tout cas, si j’arrête complètement de télécharger je n’achèterai JAMAIS de CDs ou de DVDs tout simplement car je n’en ai pas les moyens. Ce n’est pas une excuse, c’est un fait.
    – d’autre part, si la loi est acceptée et appliquée, c’est la porte ouverte à tous les débordements possibles, où n’importe quel industriel ou multinationale pourra faire voter une loi l’arrangeant, et on se retrouvera d’ici quelques années dans la même situation que la Chine, avec un gouverne-ment contrôlant tout.

    A bon entendeur, salut.

  8. Je comprends ton point de vue. Et il est considérablement renforcé par le fait qu’en effet les arguments contre Hadopi ne sont pas tous exempt de bêtise.

    Cependant, tu sembles partir du présupposé qu’une oeuvre appartient à son auteur, et qu’on possède un droit de regard sur une oeuvre lorsqu’on a fait l’acquisition de ce droit. Je crois que tu fais là une confusion entre l’oeuvre et le support qui en permet la diffusion, entre l’original et ses reproductions, entre diffusion privée et diffusion publique, entre l’artiste et ses producteurs et diffuseurs, entre art, business de l’art et rémunération des artistes.

    Il fut un temps où le musicien composait et interprétait sa musique et ne pouvait attendre d’autres rémunérations que de la vente de partitions et l’organisation de concerts.

    Puis on inventa l’enregistreur de sons et un nouveau modèle économique fit son apparition, où la musique de l’artiste était encapsulée dans un support physique qui pouvait être vendu à l’unité : un modèle économique se mit en place où une part de chaque vente revenait à l’artiste.

    Vint le temps de la diffusion à distance du son : on pouvait diffuser l’oeuvre à la radio, sans que le public n’ait fait l’acquisition du support. On ne demanda pas à chacun de payer à chaque fois qu’il ouvrait sa radio, on n’inventa la SACEM. Le modèle économique avait évolué.

    Aujourd’hui, plus besoin de support matériel… mais on attend toujours que se mette en place un nouveau modèle économique. On attend parce que producteurs et diffuseurs ne sont pas prêts à se laisser si facilement déposséder de ce qui constitue pour eux une rente. La rémunération menacée des artistes n’est là qu’un prétexte bien pratique : à eux de rémunérer justement mais désormais autrement les artistes dont ils produisent et diffusent les oeuvres.

    C’est ce dernier point que j’ai développé dans un billet, que je mets en lien afin de n’être pas plus long encore ici :

    http://www.avoodware.com/blog/files/hadopi-et-les-reactionnaires.html

  9. Le fait est que la culture devient trop cher (8€ un film!!!), alors à moins de faire un effort et de permettre tout le monde à avoir accès aux multimédias diminuerait déjà le piratage.

    Mais ce n’est pas seulement une question d’argent. Souvent, les fichiers téléchargés ce sont ceux que les personnes mettent en ligne, et dans la plupart de cas ce sont des oeuvres qui gagnent déjà beaucoup d’argent. Après, il y a des artistes qui décident d’eux-même de mettre leurs oeuvres en ligne pour se faire connaître, ce qui marche en général, et ils peuvent alors décider ou non de faire carrière. Aussi, j’ai remarqué que le pirate ne va pas s’empêcher d’aller au cinéma sous prétexte qu’il ne veut pas dépenser d’argent, parce que rien ne remplace les salles de cinéma. Et quand le film est vraiment bon, on y va 1, 2, 3 fois quand on a les moyens !

    Après, je suis d’accord que tout ce procédé se fait sans le contentement des intéréssés… Alors, au lieu de le rejeter, ils pourraient passer des accords, à la limite mettre plus de pub, une qualité moindre, etc… Mais s’ils interdisent tout comme ça le piratage ne cessera pas. C’est le parent autoritaire qui créé l’enfant frustré. Et que fait l’enfant frustré? Il fait ce qu’il n’a pas le droit derrière le dos du parent. Mais sans aller jusqu’à comparer le gouvernement à un parent, ce sont les lois qui déterminent le degrés de dérappage de la société. Entre plus on interdit, plus on se révolte (il n’y a qu’a se baser sur les Etats-Unis qui ont voulu interdir l’alcool, l’Angleterre la protitution – volontaire, pour ainsi dire).

    Mais bon, ce n’est qu’une opinion.

  10. dedalus>
    Après une aprèm de boulot capitaliste (je suis vendeur), je me permets juste de rajouter un commentaire par rapport à ta réponse: les producteurs ne devraient-ils pas essayer d’avoir les yeux moins gros que le ventre et se dire que s’ils baissent le prix des DVDs à 10 euros par exemple, ben c’est toujours ça de gagné, que l’artiste gagnera autant de toute façon, et que c’est mieux que 0 euros ?

  11. Je vends mes oeuvres protégées sur le net mais je suis contre hadopi – le respect du droit d’auteur et la liberté d’échanger des oeuvres n’est pas incompatible …
    De plus Hadopi, une fois mis en place servira à bien d’autres choses faisons confiance a notre Président flippé du securitaire à tout va … because marchés juteux etc

  12. en gros hadopi c’ est d’un côté forcer les gens sur le net uniquement à l’achat des oeuvres sans pouvoir les échanger librement une fois achetées … Un mega DRM quoi – et de l’autre mettre en place des verrous sécuritaires qui serviront les desseins de la politique du nain … moi je dis que la Chine doit pouffer de rire à l’heure qu’il est !

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