La lettre de Camba


Belle communication. Jean-Christophe Cambadélis a publié une réponse à un militant socialiste désemparé sur son blog. Libération y consacrait une pleine page dès le lendemain. Je ne m’attarde que sur quelques points.

Les justes constats sur Sarkozy

« Camba » dresse quelques très bons constats sur la présidence : « Mis à part une instrumentalisation européenne et un entregent au Moyen-Orient, le bilan international de Nicolas Sarkozy est critiquable : une querelle puérile avec Barack Obama, une phase « Glucksmann » puis le retour à la méthode Chirac avec la Russie, le pataquès grotesque avec la Chine, des familiarités sans stratégie avec le Brésil, un lien évanescent ou méprisant avec l’Afrique. L’international n’est pas sa force mais sa faiblesse« .  Il ajoute: « Et aucun de ses engagements n’a été tenu, bien qu’il affirme sans cesse le contraire », citant le pouvoir d’achat ou la lutte contre l’insécurité comme exemples. Il souligne également que la concurrence à droite est d’une violence que la gauche ne connaît pas. Certes, certes, mais ce n’est pas tout.

La faiblesse du programme

La « défense » de Camba, du point de vue des idées, consiste à naviguer entre les écueils : un « Etat fort et impartial », qui laisse « respirer la société » ; « l’intérêt général » mais le respect de l’individu ; etc.  Qui s’opposerait à ces déclarations toutes en équilibre ? Le propos du billet n’est certes pas de résoudre l’équation idéologique du parti socialiste en quelques lignes. Camba retrouve d’ailleurs des accents gauchistes, parfois salutaires. mais ces propos demeurent très généraux et n’emportent aucune application concrète pour le citoyen de base.  Le député socialiste aurait gagné quelques points à prendre des exemples. Le débat actuel sur la taxe carbone en est un. Quand les écolos criaient victoire à l’idée d’une contribution climat énergie, certains socialistes ont relevé qu’on ne saurait instaurer une TVA verte qui frapperait les plus modestes.

A quand ces débats ? Camba botte en touche, et promet un « tour de France sur le projet », en 2010, pour « définir notre modèle de société ». Certains sympathisants, tels votre serviteur, attendent … depuis 2002. Patience chers amis ! L’année prochaine sera la bonne. Cet attentisme devient risible.

Et la gauche ?

Je regrette que Camba ne s’adresse qu’à un militant socialiste. Coincé par l’exercice de la réponse, il se limite à un exercice de consolation sans doute nécessaire mais qui exclut de facto les « non-socialistes ». Or le PS doit devenir désirable aux yeux de tous à gauche. Ses propos sur le prochain scrutin régional sont à ce titre étonnamment vides : « Les partis de gauche et les écologistes sont prévenus. Ils ont gouverné les régions pendant cinq ans dans l’union. La désunion leur fera perdre les régions mais plus encore, elle ouvrira les portes à la réélection de Nicolas Sarkozy. » Or, placez vous quelques instants à la place d’un opposant non socialiste ? Il a besoin de choix, de débats, de perspectives. Stigmatiser par exemple les écologistes de leur envie de faire liste à part  est une ineptie politique. Si le PS veut rassembler, qu’il fasse le ménage parmi ses barons locaux. Les Verts, scotchés à des taux électoraux ridicules depuis des années l’ont compris en se fondant au sein d’Europe Ecologie. Le PS reste dans une position hégémonique que ses scores nationaux autorisent à peine.

Sur les alliances, Camba reste explicitement obtus : il renonce à tout, veut rester au centre de gravité (« Partons de notre projet, de nos principes, de notre volonté, pour construire une alliance efficace qui fasse prospérer tous et chacune de ses composantes »). Point de Modem (« François Bayrou ne partage ni notre stratégie ni notre projet »), ni d’écolo (« Au nom de quoi devrait-on être à ce point masochiste pour faciliter des stratégies qui ne nous veulent pas du bien ? »), ni « l’espace gauche critique » (« l’alliance est aussi tout impossible pour ceux qui réclament l’union avec l’extrême gauche« ). Pour l’élection présidentielle, il prie pour « le contrat d’union qui donne dynamisme, certitude et direction ».

Et bien, priez !

Et ne lésinez pas sur les cierges.

Une réponse à « La lettre de Camba »

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