Le révolution fiscale que nous attendons


Libération a fait un excellent travail en exposant, en « une« , vendredi 21 janvier, les travaux de Thomas Pikety , Camille Landais et Emmanuel Saez, « Pour une révolution fiscale« , publié dans la collection La République des Idées, au Seuil. Le Nouvel Obs en publiait les bonnes feuilles dans son édition de la veille. L’ouvrage semble réjouissant, à plus d’un titre, pour celles et ceux qui défendent la simple idée que la solidarité nationale se mesure d’abord à l’aune de la fiscalité et de la juste répartition de l’effort.

Les auteurs, aidés de Guillaume Saint-Jacques, ont également mis en ligne un site internet, http://www.revolution-fiscale.fr/, afin que chacun mesure l’impact d’une modification de l’imposition.

L’injustice du système fiscal actuel ? Les auteurs commentent : « Notre système fiscal est complexe et peu transparent. Il est truffé de niches fiscales et de règles dérogatoires. Et surtout il est profondément injuste. » Notre fiscalité n’est plus progressive (plus on gagne, plus on contribue), mais régressive (les riches s’en sortent mieux). Les classes moyennes supportent l’essentiel de l’effort. Le cumul fiscal (cotisations sociales, impôts sur le revenu ou le patrimoine, fiscalité indirecte) est devenu injuste au fur et à mesure de la multiplication des niches et dérogations. L’outil est amusant, instructif, terrifiant.

Lutter contre l’opacité de la fiscalité est un enjeu politique majeur. A droite, on explique que les prélèvements obligatoires sont trop élevés. On évacue bien facilement la question de la répartition, et donc des leviers disponibles pour remédier à nos problèmes de financement.

Les auteurs proposent de remplacer « l’actuel impôt sur le revenu (IRPP, avec tranches de taux marginaux allant de 5.5% à 41%), la CSG pesant sur tous les revenus à 7.5% ou 8.2%, la CRDS à 0.5%, le prélèvement libératoire et l’impôt proportionnel sur les plus- values à 18%, la prime pour l’emploi, et le bouclier fiscal » par un impôt unique et progressif, s’appliquant à tous les revenus (salaire, revenu d’activité non salarié, retraite, chômage, revenus du capital, y compris les plus values) et prélevé à la source, c’est-à-dire par l’employeur.

La simplification de la fiscalité soulage également les agents des impôts, moins occupés à chasser la fraude qu’à collecter et analyser les données.

Le pavé est jeté dans la marre. Le débat peut démarrer. Même à gauche, on pourra critiquer, amender, améliorer les propositions. Mais une première étape est franchie.

Merci.

 

 

4 réponses à « Le révolution fiscale que nous attendons »

  1. Mélenchon propose, pour sa part, un salaire maximum (donc aussi un minimum convenable) pouvant être combiné avec cette perpective d’impôts plus justes et utiles à tous. Bonne idée. ARAMIS

  2. Bonne idée, à étudier… Cela change des sondages, au moins les candidats putatifs peuvent étudier la chose et se positionner par rapport à cette proposition.

  3. Le prélèvement à la source ne marche que pour les salariés non mobiles (CDI chez le même employeur). Et contrairement à ce qu’écrit Picketty, c’est loin d’être un système qui fait réaliser des économies. Dernièrement les Britanniques (après les Canadiens et les Australiens) ont été contraints de rembourser des milliards de livres à des contribuables qui avaient trop payé, alors que d’autres n’avaient pas payé assez et ont fait l’objet de rappels d’impôt.

    En plus, l’idée de confier la perception de l’impôt aux entreprises est assez mauvaise, économiquement parlant. Elles ont bien d’autre chose à faire que de payer des salariés à s’occuper de ce genre de choses. Elles croulent déjà sous la paperasse. Alors qu’on les lâche un peu. Ce n’est pas leur rôle de jouer les collecteurs d’impôts.

    Bref, Picketty et consorts feraient bien de se renseigner auprès de gens qui connaissent mieux le sujet qu’eux plutôt que lancer des idées en l’air pour vendre des bouquins.

  4. Je n’ai pas lu la même chose dans un autre article. L’IR serait supprimé , car il rapporte deux fois moins que la CSG, et serait remplacé par l’actuelle CSG en augmentant son taux. Il serait plus facile de le rendre progressif en fonction des revenus, et donc plus juste. Il serait prélevé directement à la source, empêchant les plus riches d’utiliser différents dispositifs pour échapper à l’impôt ….
    http://www.20minutes.fr/article/657080/economie-revolution-fiscaleles-francais-plus-modestes-davantage-taxes-plus-riches

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