Le Petit contre le Sale Mec


La campagne sera sale.

Un journaliste du Parisien rapporte des propos off qu’aurait tenu François Hollande mardi 3 janvier.

« Pour Hollande, il n’y a pas de mystère: c’est bien le chef de l’Etat, ‘un président en échec’, ‘un sale mec’, qui se cache derrière les formules de l’UMP’ » (source)

Une journaliste de l’AFP présente a nié que François Hollande ait tenu ses propos.

L’auteur de l’article du Parisien a précisé ensuite que François Hollande n’avait pas traité Sarkozy de « sale mec ». Il singeait Sarkozy.

En revanche, depuis des mois, des propos off de Nicolas Sarkozy à l’encontre de François Hollande sont rapportés dans les médias. Nous nous en étions fait l’écho dans un récent billet de Sarkofrance:

« Mardi soir, devant une quinzaine de députés des plus sarkozystes invités à l’Elysée, il a qualifié son opposant socialiste de « petit ». »

Par ailleurs, les sbires de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé en tête, n’ont pas hésité à traiter à plusieurs reprises le candidat socialiste de couard.

Qui insulte qui ?

Quelle campagne !

10 réponses à « Le Petit contre le Sale Mec »

  1. La polémique « sale mec » est en voie d’extinction à court terme. Et ce malgré les incommensurables efforts déployés par les partisans du président de la République pour en faire un scandale national. Il est temps d’en tirer la leçon et de se demander si cette affaire va vraiment nuire à François Hollande.

    Une fois n’est pas coutume, afin de répondre à la question précédente, il est utile de se référer à une œuvre de fiction télévisée, une série américaine, qui durant sept ans, fit les beaux jours de NBC : « The West Wing ». Pour ceux qui l’ignoreraient encore, cette série prenait place dans les coulisses de la Maison Blanche. Tout y était formidable, le scénario, les dialogues, les acteurs, les décors. Cent fois mieux que le navrant film « La Conquête ».

    A la Maison Blanche

    Dans un épisode fameux d’une saison de « The West Wing », le président démocrate Bartlet (Martin Sheen), en campagne pour sa réélection, commet une erreur majeure. En bout d’enregistrement télévisé pour une émission d’informations, il répond à une dernière question, d’apparence anodine, relative au républicain qu’il doit affronter lors du duel final. Il se moque de l’intelligence de son challenger, mettant en doute ses compétences de manière plus qu’ironique : « A .22-caliber mind in a .457-magnum world ».

    Évidemment, la chaîne diffuse l’enregistrement en incluant cette dernière saillie, au motif que la lumière verte au dessus de la caméra était encore allumée, ce qui signifie que l’on était pas dans le cadre d’un « off the record ».

    Tout le monde politique et médiatique américain tombe à bras raccourcis sur Bartlet, ce président qui méprise son adversaire, moque sa compétence, et se fait piéger comme un bleu sur un vrai-faux « off ». L’équipe de communication présidentielle s’inquiète, tempête, maudit le candidat-président qui les a plongés dans une tourmente médiatique hallucinante. L’opposition républicaine réclame des excuses, fait monter encore et encore la pression, la presse harcèle les femmes et hommes de la communication présidentielle.

    Durant tout l’épisode, on est tenu en haleine par un suspens comme Aaron Sorkin, scénariste de la série, sait si bien les faire. Le président a-t-il commis une faute de com’ majeure, type Jospin dans l’avion en 2002 ? Les scénaristes de « The West Wing » se sont souvent inspirés de situations françaises, par exemple pour aborder la thématique « maladie du chef de l’État, que faire et que dire ? »

    Temps court vs. temps long

    A la fin de l’épisode, la tension autour de l’incident retombe, et la directrice de la communication présidentielle, CJ Craig, annonce au président que, désormais, tout le pays s’interroge sur l’intelligence et la compétence de celui qui sera son challenger. Le débat a changé d’objet, donc de nature. En temps court, il portait sur la petite phrase présidentielle elle-même, en temps long, il portera sur la question de fond de la petite phrase : que vaut l’adversaire ?

    Et c’est à ce moment là que la directrice de la communication comprend que ce n’était pas un « accident » de la part du président, que celui-ci n’a pas commis une faute de débutant, que tout était délibéré, et qu’il s’agissait d’une manœuvre plus qu’habile destinée à porter un coup fatal à son adversaire, quitte à déclencher une tempête de trois jours…

    Le plus amusant étant que ce sont les adversaires du Président eux-mêmes, qui en faisant de cette sortie un casus belli et en lui donnant un écho considérable, ont été les propres instruments de la destruction à long terme de leur candidat.

    Cet exemple, tiré d’une fiction, permet de mieux mesurer ce que peut être l’impact du « sale mec ! » de François Hollande, si l’on s’autorise à penser la politique en temps court/temps long. Cet exercice est facile, il suffit de penser la politique au-delà des deux prochaines heures, soit l’exact contraire de Jean-Michel Aphatie, si vous voulez un exemple concret.

    Temps court : Hollande a suscité les foudres de l’UMP et l’hystérie d’une presse politique en mal de sensations à l’orée de la campagne 2012… Ça fait du bruit pendant trois jours, mais cela n’a aucune importance si l’on est en adéquation avec l’opinion réelle…

    Temps long : Tout bien considéré, Hollande n’a-t-il pas tout simplement dit ce que beaucoup de Français, une majorité même, semblent penser, en leur for intérieur, de Nicolas Sarkozy, à savoir que c’est un « Sale mec » ? Dans ce contexte, ce jugement ne va-t-il pas imprégner durablement les esprits, tout au long de la campagne ?

    En clair, in fine, cette polémique nuira-t-elle à Hollande, comme Jospin et son aérienne sortie anti-Chirac de 2002, ou bien le servira-t-elle comme le président de la série « The West Wing » ? Dilemme qui revient à se demander si cette saillie, « sale mec », est en adéquation avec l’air du temps, cet air du temps s’incarnant dans l’électorat potentiel qui s’exprimera au printemps 2012.

    Qu’en diront les électeurs ?

    Un début de solution peut être apporté par un sondage publié par « Le Nouvel Observateur » en partenariat avec Terra Nova. Lorsque l’on demande de qualifier l’action du Président Sarkozy, 42% des sondés la jugent « dure » et 21% « populiste ». Si nos comptes sont exacts, cela fait 62% de Français qui n’ont pas une image sympathique de leur chef de l’État.

    De ce point de vue, compte tenu de l’état de l’opinion, les dirigeants de l’UMP ont-ils eu raison d’amplifier de façon aussi démesurée le « sale mec » de François Hollande ? Leur candidat subira-t-il le même effet boomerang que celui des Républicains dans le feuilleton américain ? Si on leur demandait aux sondés ci-dessus s’ils considèrent l’actuel président comme un « chic type » ou comme un « sale mec », quelle serait leur réponse ?

    La seule différence entre le « A .22-caliber mind in a .457-magnum world » de « The West Wing » et le « sale mec » de François Hollande, c’est qu’il est impossible aujourd’hui de savoir si le candidat socialiste avait prémédité son coup et calculé aussi bien son effet que le héros de la série américaine.

    1. Merci pour cette analyse intelligente d’une situation bouffonesque à l’image de celui qui hélas nous gouverne…
      Je rajouterai que laisser La Grande Hystérique incarner la défense de l’honneur du Petit Petit Nicolas risque d’accélérer le processus de bascule que vous suggérez…
      ce qui me parait donc une vraie bonne mauvaise idée !
      Wait and see…

    2. Merci pour cette analyse intelligente d’une situation bouffonesque, hélas à l’image de ceux qui nous gouvernent…
      J’ajouterai que laisser La Grande Hystérique incarner la défense du Petit nicolas me parait devoir accélérer le processus que vous décrivez…
      et donc, une vraie bonne mauvaise idée !
      wait and see …

  2. …BOFFFFFF………….!!!

  3. On ne va pas en faire un fromage. Si Hollande avait plus de consistance et de convictions, il ne tomberait pas aussi facilement dans le calembour. Aussi pourquoi faire des « singeries » avec des journalistes sans doute autour d’un bon verre de vin, ou deux ou plus…

  4. Le journaliste du Parisien écrit : « il singeait », il aurait pu écrire que François Hollande imaginait Nicolas Sarkozy.
    Singer est péjoratif, il évoque l’animal, la grimace. Mais c’est en toute volonté que le texte a été publié ainsi. Les ordres étaient donnés de plus haut. Il faut bien parler de peu plutôt que du bilan désastreux du président.

  5. […] s contre François Hollande, prétextant des propos que le candidat aurait tenus en off, mais démentis par le journaliste auteur de la fuite. L’espace d’une semaine, Nadine Morano était devenue une star. Nombre de ministres […]

  6. […] s contre François Hollande, prétextant des propos que le candidat aurait tenus en off, mais démentis par le journaliste auteur de la fuite. L’espace d’une semaine, Nadine Morano était devenue une star. Nombre de ministres […]

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