Le ministre va publier sur le Net le plan de financement de l’acquisition de son appartement en 1994. Mediapart soupçonne Cahuzac d’avoir payé au moins 4 des 6 millions de francs avec de l’argent caché (soit 600.000 euros). Un soupçon qu’il étaye sur une copie de l’acte notarié qui mentionne 4 millions de paiement sur « deniers personnels. » Ce à quoi le ministre a répondu, avant la publication prochaine de l’acte lui-même, que cette somme provenait en fait de plusieurs source (prêt de ses parents; revente de son ancien appartement, épargne personnelle, revente d’un bien de son épouse).
Bref, un partout, la balle au centre.
En parallèle, le site a publié de très courts extraits d’une exécrable qualité d’un enregistrement datant d’il y a 12 ans .
Il y a plusieurs choses qui me gênent dans cette affaire:
1. Qu’elle frappe le ministre du Budget du gouvernement Hollande. Je ne vais pas vous dire que cela me fait plaisir, ce serait mentir. On sait depuis longtemps que les affaires n’épargnent aucun camp, pas même l’extrême droite. Mais cette affaire affaiblit l’action de Cahuzac, quelle qu’en soit l’issue.
2. Qu’elle soit mal rapportée: on a ici ou ailleurs raconté n’importe quoi à force de raccourcis. Et raccourcir un soupçon pourtant très simple et sans détour, il faut le faire ! Précisons: Cahuzac, comme d’autres, a le droit de disposer d’un compte à l’étranger. Le problème est, à ce stade, symbolique. Mais Mediapart associe à la prétendue existence de ce compte un autre soupçon pour lequel il n’a pas promis ni avancé aucune preuve, la fraude fiscale. L’affaire est suffisamment importante pour qu’elle mérite suffisamment de clarté.
3. Que la première preuve matérielle avancée par le site soit franchement fragile: le néophyte ne reconnait pas la voix du ministre; l’enregistrement daterait d’il y a une décennie. Son authentification ne repose que sur une personne, celle qui a involontairement enregistré 4 minutes de conversation d’un téléphone. On se pince… Voilà un gars qui déboule dans le bureau de nos journalistes pour
Sur d’autres affaires, Mediapart a tâclé plus fort et plus vite, pour rendre l’affaire difficilement contestable (rappelez vous les documents Takieddine, les enregistrements non contestés de l’affaire Bettencourt, etc).
Mais là, ça sent le dossier mal ficelé.
Un confrère, l’Hérétique, explique qu’entre Cahuzac et Mediapart, l’un des deux est prochainement « mort« . Il a tort. Les deux risquent de souffrir irrémédiablement. Cahuzac, parce que le mal est fait. Mediapart, si le site ne fournit pas autre chose qu’un enregistrement non authentifié, un rapport d’un inspecteur du fisc sanctionné (sous la droite !) et un acte notarié d’achat d’un appartement qui ne prouve rien.
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