C’est un résultat plus grave qu’il n’y paraît: la campagne de 2012 est enfin terminée.
Electoralement parlant, elle s’est achevée il y a des lustres, en juin 2012. Mais dans la blogosphère politique, nous avons longtemps (sur)vécu dans une « queue de comète » parfois inefficace et troublante: chacun surfa en effet plus ou moins longtemps sur son activisme de campagne: les soutiens du FDG ont poursuivi la troisième mi-temps. Les soutiens de #FH2012 ont également prolongé leur pro-Hollandisme jusque tard après l’élection. Ceci donna l’occasion de nombreux combats verbaux souvent violents entre opposants de gauche et soutiens du gouvernement.
Ces temps sont révolus.
Non pas que les désaccords aient disparu. Ils sont encore là, peut-être moins nombreux, mais réels. Mais je ne sais plus combien de billets critiques ou négatifs contre le gouvernement Hollande je lis chez d’anciens ou d’actuels supporteurs. En vrac, j’ai lu dans la blogosphère dite de gouvernement, des billets contre Manuel Valls, contre la loi bancaire, contre le CICE, contre la réforme des retraites, contre les économies budgétaires, contre les hausses de TVA, contre Pierre Moscovici, contre l’ANI, etc …
Mais il y a désormais comme une indifférence réciproque qui s’est développée au sein de la gauche.
La faute au manque de renouvellement des arguments, sans doute. Ou à la lassitude.
Si j’observe « de mon côté » (je laisserai à d’autres s’exprimer si bon leur semble), je réalise que la « prévisibilité » de la critique de gauche (violente et sans nuance), a fini par me lasser. Les talents d’écritures ne suffisent plus à attirer l’oeil ou le commentaire. Parfois, un document m’inspire, comme ce contre-budget du Parti de Gauche. Souvent, c’est plutôt un échange avec un camarade qui m’élève. Mais l’actualité « à la gauche de la gauche » a fini par m’emmerder au plus haut point. J’attendais mieux, j’attendais plus simple. Tenez, j’ai failli oublier le meeting d’hier, alors que le sujet de la réforme fiscale me tient à coeur.
Autre exemple, la TVA. Bien sûr que la hausse de la TVA est une mauvaise chose « per se »; que la TVA est un impôt injuste en soi. Mais ces hausses de TVA sont restées caricaturées au point de noyer le poisson: entendre un homme intelligent comme Mélenchon clamer encore dimanche dernier que les ménages modestes vont raquer en moyenne 428 euros de hausse de TVA par an l’an dernier relève, au choix, de l’imposture intellectuelle ou de la mauvaise foi. Il fallait distinguer suivant les secteurs, analyser les impacts, mesurer si chez certains la hausse ne sera pas prise sur les marges des entreprises plutôt que répercutées sur les clients. Bref, il fallait nuancer et bosser.
Ce qu’il y a d’intéressant dans la chose politique – outre que parfois elle sert quand même à changer la vie et les esprits – c’est la richesse du débat. Or le grand échec « des » oppositions de gauche depuis des décennies est de ne pas savoir organiser le débat en leur sein avant la mobilisation nécessaire pour la conquête du pouvoir. Hier au PS, après 2002 puis après 2007; aujourd’hui à la gauche de gauche. On cherche à comprendre cette incapacité collective.
La campagne de 2012 est enfin terminée. Chacun est retourné, comme en 2008/2009, dans sa chapelle, avec ses doutes et ses espoirs. On tape à gauche ou à droite. Quelques malencontreux militants croient qu’il y a du complot politique derrière nos attaques contre Hollande ou Mélenchon.
Non, tout ceci est gratuitement sincère. On critique à nouveau sans autre enjeu que de dire ce que l’on pense.
A vos claviers.
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