Comment tuer un blog politique


C’est donc un vent désabusé qui souffle ici ou .

Il y a de la déception sur les sujets qu’on traite sur le Net, Twitter ou ailleurs.

« C’est quand je regarde ce qui marche ailleurs, ici, sur les réseaux sociaux, en termes de vidéo, de partages… Je ne suis pas enthousiaste, pour parler par euphémisme. Tout le monde tourne en rond et rabache les mêmes trucs. » Guy Birenbaum

« À la longue, l’addiction au web se révélait plus désastreuse que la télévision dont l’indigence des contenus avait au moins eu raison de ma patience. Si la télévision camouflait sa vacuité avec une pyrotechnie assourdissante, LéRézoSocio renouvelait sans cesse la vitrine. » Seb Musset.

Certains blogs politiques s’affaisseraient, tétanisés par une agora brouillonne qui disqualifie tout débat avant même qu’on est le temps de le développer.

Twitter, puisque c’est l’un des objets de cette critique, en est un peu responsable car on y accorde trop d’importance aux critiques. C’est un peu facile, convenons-en. Et pourtant. Il est bien vrai que nous avions l’habitude d’écrire sans filtre ni pression. Sans connaissance des réactions positives ou négatives de l’agora 2.0, nous écrivions à l’aveugle.

Mon confrère Nicolas a mieux exprimé l’idée que moi.

Bloguer était, et reste encore, une réaction individuelle à un traitement de l’actualité jugé insuffisant ou insupportable.

Sans crier gare, Twitter et quelques autres se sont ajoutés à ce bruit. Et nous en avons tenu compte, à tort. Nous avons pensé qu’il fallait réagir, ingérer ce qu’on y lisait. Mais Twitter n’est pas grand chose

On faut faire le tri. Et Twitter n’est pas grand chose. C’est un lieu d’échanges, pas un média. C’est un endroit formidable où l’on se croise, et développe des amitiés numériques. Mais son influence sur l’action de ce monde est quasi-nulle. Que la presse s’enflamme pour un Tweet-clash entre un ministre et un patron d’entreprise est finalement assez risible, sans importance. La réalité est ailleurs, plus grave, plus grande.

Bref, tout ça pour dire que j’ai ressenti, à tort et comme d’autres, que ce qu’on lisait sur Twitter ou dans certains commentaires (plutôt ailleurs, chez Marianne par exemple) pouvait/devait peser sur ce qu’on l’écrit, ruiner l’inspiration et l’envie.

Il est assez facile de tuer un blog politique.

Le manque d’inspiration, fréquemment expliqué dans ces colonnes, est la première des raisons.  Tout simplement.

22 réponses à « Comment tuer un blog politique »

  1. Tiens ! Tu as fait un ravalement…

    « Bloguer était, et reste encore, une réaction individuelle à un traitement de l’actualité jugé insuffisant ou insupportable. » C’est rigolo, c’est à peu près le thème de mon billet de midi (si je trouve le temps).

  2. Courage Juan,. Nous serons (enfin moi je le resterai) toujours lecteurs de vos analyses sur vos deux blogs. N’abandonnez pas.
    Pour finir deux citations qui devraient vous permettre de sourire:
    Si tu te diriges vers un but et que tu t’arrêtes en route pour jeter des pierres à chaque chien qui aboie après toi, tu n’arriveras jamais. -Proverbe turc-
    En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire –G Orwell-

    1. j’adore le proverbe turc !

  3. J’ai oublié. Bien le « look » du site.

  4. Il y a des blogs où l’on se sent bien pour discuter à bâton rompus et d’autres où ce n’est pas le cas faute de « biais »permanents,autant que de censure injustifiée et qui finissent par mourir d’inconsistance… Le tien a encore de très beaux jours devant lui. ARAMIS

  5. Et si c’était les politicards et leur absence de politique d’intéret général qui tuaient les blogs ? Comment débattre lorsqu’on entend et qu’on voit la vacuité des hommes de gouvernement ?

  6. Le manque d’inspiration ne viendrait-il pas du fait qu’il arrive un moment où on a tout dit de sa vision globale de la situation, et qu’on est condamné soit à se répéter, soit à commenter l’actualité au jour le jour?

    1. Mille fois d’accord…pour cette raison j’ai pris du recul pour faire autre chose, ni sur twister ni sur fessebouc…et quand je reprends parfois j’ai l’impression de …déjà lu…

  7. Que dire quand tout est dit sinon le dire…

  8. Les réseaux « sociaux » ( d’ailleurs qui les a baptisés ainsi?) se sont transformés en réseaux asociaux. Réactions épidermiques, hystériques, insultes, intimidations, vidéos racoleuses et douteuses, ces nouvelles technologies ont été le révélateur d’une chose : le terrible ennui , l’incommensurable incapacité à créer, à imaginer, même à rêver , l’envie puérile ou sénile (selon les cas) de se plaindre perpétuellement, d’interrompre les pensées et les idées de « l’autre » pour lui faire part de des dégoûts ou de ses mépris, rarement de ses envies ou de ses créations.
    Twitter nous a ramenés au stade anal où le plaisir de déposer sa crotte passe avant tout. Finalement à part celui qui la pose ça intéresse qui? Qu’en retiendra l’Histoire?
    Vouloir se démarquer mais finalement perpétuellement suivre la mode, paraître « djeune » et branché , s’exprimer par onomatopées, en 140 signes, avec des « hashtag », des « follow », des « unfollow », j’en passe et des plus tristes, sans oublier les pseudo-« amis » virtuels qui ne vous veulent pas tous du bien . Nous vivons une époque pleine de profondeur…de l’abîme!

    Heureusement, il reste comme ici des blogs où on prend le temps ( mais pas toujours) de commenter et où on attend une réponse pour continuer la conversation.
    Evidemment qu’au bout du compte on se retrouve comme une bande d’ami(e)s qui a passé toute la nuit à refaire le monde, Le lendemain matin rien n’a changé, les choses sont toujours comme d’habitude et donc le lendemain soir il faudra tout recommencer !
    Personnellement j’ai un « réseau social » un peu archaïque qui s’appelle le téléphone même pas portable et si mon réseau d’influence se limite à quelques proches, j’avoue ne pas m’en porter plus mal 🙂

  9. Tuer un blog politique n’a plus aucun intérêt , puisque c’est la politique elle même qui est en phase terminale . On ne tire pas sur les ambulances !

  10. Même si « chez moi », cela n’a jamais été complètement politique, j’ai ressenti une certaine lassitude et j’ai mis un peu de temps à trouver un autre axe avec quelques fréquentations internationales….modestement, bien plus que chez Juan, Nicolas, etc…
    Et puis Twitter a changé aussi entre la période électorale où le public était plus adulte que maintenant où, comme chaque réseau, il se diversifie, il devient moins spécialiste, moins respectueux aussi. Les médias n’ont gardé que le spectaculaire, le twitt clash, bien plus facile à relater qu’une analyse de fond sur ce qui ressort des commentaires sur un évènement.

    La fin d’année, les fêtes, etc….tout ça nous donne des raisons de faire une pause. Et comme dit coup de grisou, les réseaux sociaux sont devenus associaux. On verrouille la lecture de son profil, on filtre, on s’autocensure, on sépare et tout cela parait vain. J’ai gardé encore Twitter, viré tous les autres, en attendant de trouver LE média le plus « efficace » pour les causes qui me tiennent à coeur.

    Au moins ici est-on toujours bien reçu, même si nous divergeons. Ce n’est pas le cas partout

  11. Tu dis « nous écrivions à l’aveugle. » Je ne suis pas d’accord Juan. Toi, Seb, Jegoun et Guy quelques autres par la suite m’ont aider à appréhender ce que le numérique et les blogs offraient. Ça a été un soutien incroyable.

    Exemple :
    – Quand Seb écrit un « papier » concernant le mal-logement (entr’autres) je me sent aidé moi qui suis mal-logé et à l’époque où je l’ai découvert sur le web via les cyber-café étant sans domicile.
    – Quand Sarkofrance dénonce (et défonce) certaines politiques de droite ou de gauche ou extrême je suis heureux de me reconnaître souvent et de me sentir moins con, d’apprendre, de me poser les bonnes questions.
    – Quand je consulte Guy sur le Huff-machin c’est pour lui seul que j’y vais, parce Guy me parle et j’adore l’épicerie.
    – Quand je vais boire un coup chez Jegoun, j’en prends plein les miretes.

    Je rejoins Elie Arié quand il dit que « Le manque d’inspiration ne viendrait-il pas du fait qu’il arrive un moment où on a tout dit de sa vision globale de la situation, et qu’on est condamné soit à se répéter, soit à commenter l’actualité au jour le jour? »

    Ce n’est pas ce que nous attendons de vous. Mais ce qu’on attends de lire de vous, de votre vision à vous. Et de s’en faire une idée.

    Vous êtes bien plus que politique, médiatique, « penséeux » ou autres…
    Vous êtes un réflexe salvateur parce que changeant.
    Tout comme l’Humain à l’écoute l’est.
    Vous êtes juste à l’écoute du monde.
    Vos lecteurs y tendent aussi.

    Cordialement,

    Ervé

  12. Je commente rarement mais je vous lis très régulièrement. Vos blogs (et quelques autres) m’ont aidée à lire de moins en moins la presse – vraiment trop frustrante – et à ne presque plus regarder la télévision. Seuls les blogs (et un peu twitter) donnent encore un peu d’intérêt à la politique, tuée par les petites phrases, les polémiques creuses et l’évitement systématique des débats de fond.

  13. Avatar de petite plume perdue...
    petite plume perdue…

    Je dirais simplement que si votre inspiration ne peut se résumer parfois qu’à la simple expression d’une émotion humaine, cet instant-là vaut bien toutes les politiques du monde.

    ***

  14. Il me semble surtout que l’on ne trouve rien de vraiment jouissif à contredire, et malheureusement nous sommes dans cette situation, le gouvernement que nous avons portés au pouvoir. Et comme ce qui reste de gauche à gauche n’a aucune chance de trouver une majorité seule, c’est l’impasse et il ne sert à rien de le ressasser jour après jour. La démocratie est devenu un théâtre d’ombres ou de mauvais acteurs tentent d’animer de faux débat qui masque une politique qui s’impose.

    Quand l’ UMP en vient à choisir Nadine Morano tête de liste pour les européennes et que le PS vire la députée qui se battait pour les libertés numériques pour une candidate laissée au libre choix de Baylet et que même sur le sujet anodin du vapotage, le Parlement européen est considéré quantité si négligeable que l’on outrepassera sans peine sa délibération, bloguer la politique devient activité futile.
    Après sur le nucléaire, je ne vais pas renoncer comme ça, non plus
    Quand à Tweeter il permet de partager les lectures du jour et parfois les approfondir quand il y a retour.
    Pour le reste Basta Ya

  15. Nadine Morano en tête de liste des Européenne ? Ce n’est plus un blog mais une blague. sacrée Morano ! ARAMIS

  16. […] une tristesse quasi-générale… un état de faits que je retrouve chez Guy Birenbaum, Jegoun, SarkoFrance, SebMusset. Chez moi aussi, les commentaires se font de plus en plus rares. C’est vrai que sur […]

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