La nomination de Manuel Valls à la tête d’un gouvernement qu’il doit encore composer n’a évidemment pas laissé indifférent les blogs politiques, cette autre réalité de l’analyse et du militantisme politiques.
Evacuons les blogs de droite. Que voulez-vous y lire ? Qu’Hollande devrait démissionner ? Qu’il fallait qu’Hollande dissolve l’Assemblée ? Les éructations de la réacosphère n’intéressent plus. Leur absence de critique, de tout recul pendant les 5 premières années de Sarkofrance, leur coucheries improbables, leurs compromissions improbables, leurs tolérance hier avec ce qu’ils détestent aujourd’hui les rendent au mieux drôle, au pire pitoyable. J’ai cherché, sous Sarkozy 1er, les blogs de droite un tant soit peu critiques à l’encontre des failles de leur monarque.
A gauche, des soutiens critiques ont viré dans l’opposition. Deux confrères ont ouvert des succursales 2.0 pour surveiller l’actuel nouveau premier ministre: Grandludo et Bembelly. Pour ma part, je n’ai plus besoin de renommer Sarkofrance. D’autres militants plus socialistes que moi qui ne le suis pas ont exprimé leur ras-le-bol.
A gauche encore, l’opposition « préalable » n’avait pas grand effort à fournir. Manuel Valls, plus que d’autres, incarne une forme de contraire politique qu’il est impossible de rejoindre. Valls est un épouvantail. Il a aussi cherché cette réputation-là. Dans cette gauche-là, il y a ceux qui se sont réjouit que l’opposition se grossisse de quelques nouveaux soutiens. Ils ont applaudi, ont tendu quelques mains. Qu’ils en soient remerciés.
Il y a ceux, moins nombreux, qui ont continué leur tri entre les purs et les impurs (je suis « impur« , n’est-ce pas ?).
La gauche ne se reconstruira que si elle parvient à se parler même quand il y a désaccord.
A gauche encore, il y a aussi des soutiens mais critiques: il y a plusieurs arguments. Primo, Hollande n’aurait pas eu le choix, soit parce qu’il n’avait pas d’autres candidats pour remplacer un Ayrault carbonisé; soit parce que la « bonne » lecture qu’il fallait faire du scrutin de dimanche impliquait une nomination à droite de l’échiquier. Ce n’est pas l’interprétation que nous en faisons. Et s’il fallait suivre cette interprétation machiavélique, j’eusse préféré que Hollande nomme une personnalité de la vraie droite au gouvernement.
Secundo, il faudrait attendre la composition du gouvernement pour se prononcer. Je n’attends plus. Nous nous étions dit qu’il fallait un tournant, mais pas celui-là. J’espère que ces soutiens-là, déçus par cette nomination, franchiront le pas, tranquille sans haine ni ressentiment, pour exprimer leur opposition définitive à cette orientation.
Tertio, Valls premier ministre ne serait plus le Valls ministre de l’intérieur. Il appliquera les consignes de Hollande. Je veux bien vous croire. Ce n’est plus le problème. Je comprends que Hollande a trouvé l’homme le plus à droite de la gauche (cette formule est une immense concession) pour mener à bien son programme. A ce compte-là, j’aurai encore préféré qu’il nomme un technocrate plus ou moins neutre. Cela fait environ un an que Manuel Valls a franchi toutes les bornes qu’on pouvait encore supporter si l’on voulait supporter quelque chose.
A gauche encore, il y en a peut-être qui se réjouissent de cette nomination. Ils sont rares, très rares. J’ai cherché. Je n’ai rien trouvé. Je n’ai pas trouvé une blogueuse, un blogueur politique enthousiasmé par cette nomination. Au mieux, je n’ai trouvé que quelques confiants.
Pas un(e).
Un commentaire ? Lâchez-vous… poliment.