Le changement, les critiques et la méthode


Il y a tant à faire, tant à suivre. Je ne sais plus par quoi il faut commencer. J’ai peur d’oublier des points importants. Nous avons dû digérer tant de mauvaises lois et de mauvaises pratiques depuis 2002 qu’il y a trop faire.

Prenez l’immigration.

Manuel Valls a été récemment alpagué pour avoir évoqué l’immigration économique.

Nous nous sommes tous rués sur ce qu’il avait dit et proposé: la fin de la politique du chiffre, la clarification des critères de régularisation, la fin de la rétention familiale, la création d’un nouveau titre de séjour de 3 ans, l’amélioration des conditions de naturalisation.

Mais il y avait bien plus à dire et à rappeler, des points que j’ai oublié, comme d’autres, dans le brouhaha médiatico-politique.

Par exemple, qu’en est-il de la suppression de la franchise imposée à l’Aide Médicale d’Etat par Nicolas Sarkozy ? Marisole Touraine, la ministre des affaires sociales l’a enfin annoncé ce lundi, mais il faut encore attendre un peu pour le texte définitif.

Qu’en est-il des tests de Français ou de culture générale que nombre de Français « de souche » ne sauraient pas réussir ?

Pourquoi le droit d’asile et les naturalisations sont-ils du ressort du ministère de l’intérieur comme les flux migratoires ? Ces deux premiers sujets intéressent aussi la Justice et les Affaires sociales. Sans doute serait-il trop coûteux de défaire ce qui a été fait (déménagement ou distinction des équipes, etc). Mais pourquoi ne pas en parler ?

Qu’en est-il des rapatriements de Roumains ou de Bulgares (des citoyens européens qui reviendront aussitôt et sans contraintes) ?

Il y a tant à dire, tant à faire. Certaines de nos indignations sont déjà oubliées à force de dater.

C’est un tort.

13 réponses à « Le changement, les critiques et la méthode »

  1. 1. Les tests de français et de culture générale : ils sont exigés pour le rapprochement familial. Ils sont prévus en amont, dans nos représentations diplomatiques à l’étranger. Supprimons-les, ça coûte cher, tout en exigeant que toutes les démarches soient accomplies là-bas, le regroupement familial ne pouvant être automatique (ne serait-ce que par ce que nous n’acceptons pas les familles polygames : ça pourrait se réfléchir si la soumission des femmes et la hiérarchie entre les enfants n’en étaient pas la caractéristique contraire à nos principes d’égalité au sein de la famille)
    2.Les règles de l’entrée et du séjour des étrangers et le droit d’asile sont des règles qui relèvent de la police administrative dont le 1er acteur est le 1er ministre qui détient le pouvoir règlementaire.

  2. J’ai cliqué trop tôt : Les règles de police administrative ne doivent porter atteinte aux libertés individuelles que dans une mesure proportionnée au maintien de l’ordre public, de la santé publique, de la salubrité publique …En vertu de la séparation des pouvoirs, c’est l’autorité judiciaire, gardienne des libertés individuelles, qui contrôle si l’atteinte aux libertés n’est pas disproportionnée. L’application du CESEDA (code de l’entrée et du séjour des ét. et du Droit d’asile) restera donc au Ministère de l’Intérieur, le Juge administratif contrôlant la légalité des arrêtés préfectoraux relatifs aux étrangers et le Juge judiciaire contrôlant la proportionnalité de l’atteinte à la liberté d’aller et venir posée par l’acte de police administrative à l’égard de tel individu.

  3. 3. Les bulgares et les roumains sont des ressortissants de pays parmi les derniers à avoir intégré l’UE. Le traité prévoit un régime transitoire qui peut aller jusqu’à 7 ans qui ne porte pas sur leur liberté de voyager (grand progrès pour eux), mais sur leur liberté d’établissement : pour pouvoir rester + de trois mois, comme tout le monde, ils doivent justifier de revenus suffisants et d’une protection sociale. Pour pouvoir travailler, ils doivent obtenir une carte de séjour.Munie de celle-ci, ils doivent trouver un employeur qui doit faire une demande d’autorisation d’embauche à la Direction régionale de l’emploi, qui se trouve maintenant en Préfecture de Région, Direction de la Cohésion sociale. Ceci, sauf pour 150 métiers où la France estime qu’un afflux de population avide de travail ne détériorerait pas le marché du travail, sachant qu’en Roumanie, un ouvrier en usine gagne 150€/mois, tu vois bien qu’il accepterait ici de travailler pour 500 € et se dirait un prince.
    Je ne vois donc pas ce qu’il y a à critiquer dans cette règlementation. J’ai une mauvaise opinion de certaines associations qui ont fait de la récrimination leur fond de commerce et font le lit de la Marine.
    Pardon d’avoir fait trois réponses, mais j’ai trouvé important de te donner ces précisions.
    Amitiés

  4. Pardon, il faut lire « DIRRECTE » (Direction régionale des entreprises,de la concurrence, de la consommation et de l’emploi) … et non « Cohésion sociale » que j’écris tellement souvent que ça m’a filé sous le clavier.
    La réforme de l’Etat a placé les services régionaux et départementaux (ces derniers quasiment détruits) de l’administration déconcentrée, sous l’autorité du Préfet de région, qui autrefois, était en tampon entre les collectivités territoriales autonomes et les services déconcentrés de l’Etat : ils portaient les politiques publiques nationales dans les départements et les régions. Les départements et les régions s’administraient librement, dans tous les domaines où l’Etat n’intervenait pas. Il y avait une répartition des compétences nationales et locales : comme cela était plus visibles dans des collectivités telles que la Corse ou la Polynésie française.

  5. Tout-à-fait d’accord avec Juan : le cirque médiocratique reprend de plus belle et ainsi entraine les Français dans des nouvelles polémiques stériles. J’écris cela sans avoir lu volontairement les commentaires précédents. Alors que la nouvelle gouvernance n’a pas été élue sur ces sujets mais sur un programme précis en 60 points améliorés parfois au cours de la campagne, et c’est cela qui compte, tout en « accessoirement » reconstruisant ce qui a été précédemment démoli. On constate déjà que la vie en France semble moins anxiogène lorsque les Français ne sont plus montrés d’un doigt menacant ou hérissés les uns contre les autres.

  6. Les médias continuent à utiliser les mêmes éléments de langage….on finit par croire que rien ne change, qu’on nous cache le « pire à venir »….que le programme n’est pas suivi. Certains mots ont été tellement abimés par les sarkosystes que leur simple évoquation rallume les braises.
    Les effets secondaires de cinq ans de mépris font encore mal…..l’impatience nous ronge..
    Hollande ne pourra pas faire de miracle !

  7. A ladyapolline : je n’y connais rien mais qui dit ministère de l’Intérieur dit flic et qui dit flic dit électeurs/trices du FN. Ne peut-il y avoir partenariat entre certaines ONG spécialisées et le quai d’Orsay ?

  8. Merci Juan, c’est tout à fait ça !
    Perso, je te lis chaque jour, j’ai forgé ma conviction. Et c’est tout.
    Comme je ne suis rien, ni personne, et que je ne coûte absolument rien à la « Société » ; Je ne veux plus lire, écouter ou voir les merdias conventionnels. Aussi, continue tes analyses : oui je sais, y sont fatiguant les UMPFN, et de très mauvaises foi. Bof, c’est pas grave… Juste un truc, en zapant je suis tombée sur Bernard MARIS chez Calvi ; Mais il a craqué son slip !… Et il se prétend de gauche… Je m’abstiens car j’ai le coeur fatigué et j’espère tenir jusqu’a la fin 2012. Après… Le déluge, peut-être ? J’sais pas. Allez, A+.

  9. @Euterpe : Ta perception d’un Ministère de l’Intérieur a gardé la trace de trop d’années d’abus d’autorité et de construction très lente finalement de la démocratie chez nous. Le ministère de l’Intérieur, ce ne sont pas que les « keuffs ». Ce sont des missions régaliennes très importantes pour le maintien d’un état de droit.
    Aucune association ne peut remplacer l’Etat dans ses missions « régaliennes » qu’il exerce par notre délégation de souveraineté, la tienne, la mienne. La police des étrangers s’inscrit dans ces missions régaliennes qui sont quatre :
    garantir la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire
    garantir la sécurité intérieure par toute mesures de prévention relative à l’ordre public, la sûreté, la salubrité et la santé publiquesgâce à des corps de police judiciaire, des corps d’inspection habilités pour des missions de police administrative
    garantir les libertés individuelles au travers d’une autorité judiciaire qui dit le droit (le Parlement fait la loi) et rend des jugements que l’exécutif fait exécuter, pour maintenir un état de droit
    garantir la sécurité économique et financière en disposant du monopole de l’émission de monnaie.
    J’essaierai de faire une note chez moi si tu veux, mais je n’ai pas beaucoup de temps en ce moment
    Amicalement

  10. Merci ladyapolline pour ces précisions. Si tu fais une note, je viendrais la lire immédiatement. Cela m’intéresse.

  11. Ne peut-il y avoir partenariat entre certaines ONG spécialisées et le quai d’Orsay, Euterpe ?
    Non ! ONG = organisation NON gouvernementale.

    Les bénévoles des ONG se voient deja assez reprocher le fait de faire le jeu du pouvoir …!

  12. Ces sujets sont délicats et certains ne peuvent pas résolus par le gouvernement français, sans la coopération avec les autres pays au sein de l’UE. Si nous abordons certains de ces sujets par analogie avec l’Allemagne.

    Culture (langue) et naturalisation
    Pour avoir la nationalité allemande, il fallait avoir vécu au moins 8 ans en Allemagne, avoir un domicile et un emploi. De centaines de milliers de… Turcs sont devenus Allemands et avec le regroupement familial, ce chiffre a explosé. La connaissance de la langue allemande ne jouait aucun rôle, c’est ainsi qu’il y a en Allemagne de centaines de milliers, qui vivent depuis plusieurs décennies qui ne parlent ni lisent l’allemand, à cela s’ajoute le fait que dans de villes comme Berlin, il y a de ghettos: des rues entières, du rez-de-chaussée au 5e étage, il n’y a que de Turcs. Ils achètent dans les epiceries turques, écoutent les radios turques et regardent les TV turques. Finalement, l’Allemagne s’est rendu compte que l’erreur n’était plus corrigible et elle a introduit une nouvelle politique d’immigration et de naturalisation: un cours obligatoire d’allemand et un texte obligatoire de naturalisation: un mélange d’attrape-nigaud et de questions sur le système politique allemand, la Loi fondamentale etc. Ces tests, choix multiple, sont organisés dans de centres déterminés et sur 33 questions, il faut au moins 18 bonnes réponses. Les tests ont montré qu’un haut poucentage d’Allemands ne réussiraient pas ces textes. Pour postuler un emploi, il faut apporter la preuve qu’on a suivi et réussi le test d’intégration. Un autre phénomène a vu le jour en Allemagne, les enfants allemands d’origine turcs de la 2e et 3e génération (parents ou grands-parents nés en Allemagne, grandis en Allemagne, études en Allemagne et qui maîtrisent la langue allemande) ne connaissent pas l’allemand et ont de difficultés dans les kindergarten et à l’école, parce que leurs parents prétendent sauvergarder l’indentité culturelle de leurs enfants et en leur parlant turc à la maison, langue qu’ils ne maîtrisent pas eux-mêmes et en les envoyant dans des écoles …coraniques après l’école!

    L’ouverture de l’UE vers l’Est
    Dans aucune ville européenne, cette décison politique est plus négativement perçue que dans la capitale allemande. Quelques exemples. le tourisme criminel: de bandes de criminels viennent chaque jour de la Pologne et l’Ukraine et rentrent après leurs coups; une prostitution agressive en pleins quartiers habités par les familles 24h/24; le travail au noir: imaginez-vous que Berlin est un chantier géant, mais le nombre de chômeurs berlinois ne fait qu’augmenter!; une mendicité agressive (crachat sur la voiture, si au rouge un chauffeur ne donne rien etc.) pour ne citer que ces cas.

    Avec un gouvernement de gauche ou de droite, la France à elle seule ne peut résoudre tous ces problèmes. On ne peut pas porter de solutions à l’aval, lorsqu’à l’amont rien n’est fait, n’a été fait pour les éviter. Lisbonne, Maastricht portaient per se tous ces « fléaux ». On ne peut ne pas poser le problème de l’exercice de la démocratie au sein de l’UE. Pourquoi l’UE n’avait-elle pas exiger de referendums à chaque Etat-membre? Pourquoi les parlements devaient-ils décider dans certains pays? Il y a eu de cas, où les électeurs devaient aller aux urnes pour une seconde fois pour le OUI!

    Si on avait demandé au peuple allemand de décider entre le DM et l’Euro, ils auraient choisi le DM. Si on leur demande de décider sur la mutualisation de la dette au sein de l’UE, il aurait dit non. Le Bundestag a voté à une majorité de 2/3 le pacte fiscal. Tout juste après le vote, de plaintes avaient déposé à Karlsruhe (Cour constitutionnelle), amsi avant Gauck (le Président) avait prévu qu’il ne signerait cette loi, sans que les équivoques soient levées.

    L’UE est malade de ses instutions

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