La photo fait le tour des réseaux sociaux, des médias, même les plus grands. Cela fait des décennies (et oui), que je reçois des photos choquantes comme celle-là. Cette fois-ci, c’est un enfant de migrant, syrien, mort sur une plage, la tête dans la vague sur le sable. Un tout petit qui pourrait être le votre, le mien il y a quelques années. On apprend plus tard qu’il s’appelle Aylan.
Cette photo est horrible, l’une des plus dérangeantes vues ces derniers mois.
Mais malgré tous les apprentis Instagramers du monde, nous ne serons pas suffisamment nombreux pour photographier et faire réagir sur la misère du monde.
Vêtu d’un tee-shirt rouge et d’un short bleu, il gît inanimé, face contre terre, sur une plage de Bodrum (Turquie). Les photos de ce migrant syrien, un bambin âgé de quelques années, ont envahi mercredi 2 septembre les réseaux sociaux sous le mot-dièse #KiyiyaVuranInsanlik (« l’humanité échouée » en turc). De nombreux internautes ont confié leur émotion sur Twitter. « Où va ce monde ? » a commenté l’un d’eux, identifié sous le nom de Taner Poyraz. « Plus jamais ça », a renchéri un autre, Sadullah Turgut. (lire la suite)
L’émotion est internationale, Italie, Turquie, Espagne, France. En l’espace de 48 heures, Aylan est devenu le sujet des rédactions occidentales.
Parfois, la photo déclenche plus que l’argument rationnel. L’Occident en est venu à assimiler des réfugiés de guerre à des migrants économiques. Sans surprise, Marine Le Pen ne fut pas la dernière à symboliser cette déperdition de la pensée, une honte morale:
« Car la réalité, c’est qu’à chaque fois qu’on accueille un clandestin, c’est un signal envoyé à 10, 100, 1000 autres pour tenter ces traversées mortelles. » Marine Le Pen
On peut espérer que cette fois-ci, que l’émotion déclenche autre chose qu’un communiqué d’eurocrates. Que Marine Le Pen taise ses saloperies anti-migrants. Qu’on appelle enfin les migrants syriens ou irakiens des réfugiés. Ce n’est pas sûr, si l’on observe le faible traitement que réserva la presse française à cette photo en comparaison des médias étrangers.
Sur Twitter, le même jour, quelques heures après cette propagation du choc, je lisais ceci, une autre saloperie.
#JaieteMigrant – pic.twitter.com/cGFVII0UJP
— Clément Martin ن (@_ClMartin) September 2, 2015
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