Ils sont tous stupéfaits, fatigués, tétanisés. Le « sursis républicain » de dimanche dernier – l’excellente expression est du Monde, lundi 14 décembre, pour qualifier l’issue des élections régionales – ne saurait masquer la profonde défaite démocratique.
Oui, le FN a gagné des voix, et donc de la voix, entre le premier et le second tour de ces élections. Plus de 6,8 millions d’électeurs ont choisi consciemment d’y aller, de voter pour l’Immonde.
Sur Mediapart, Laurent Mauduit croit savoir que la désespérance sociale serait la cause de cette aberration. C’est partiellement vrai. Et partiellement faux.
« À ceux qui espéraient une inflexion économique, même symbolique, en réponse à la colère qui est sortie des urnes, le gouvernement n’a pas tardé à répondre : pas question ! »
S’il faut se réfugier dans des analyses sondagières – puisque l’article nous y incite dès sa première phrase d’introduction – les résultats de l’analyse sont tristement désastreux:tout porte à croire que le vote frontiste s’appuie d’abord sur la peur et la xénophobie.
« Sans surprise, la sécurité est au coeur des motivations du vote FN (74 %), juste après « l’immigration » (76 %) et devant « l’arrivée de nouveaux migrants » en Europe (59 %) et « la lutte contre le terrorisme » (56 %). » (source)
« Parmi les enjeux nationaux qui déterminent le vote des Français interrogés, arrive en tête le chômage à 44%, suivi juste derrière par la menace terroriste à 32%, l’insécurité et la délinquance à 30%, et l’immigration à 29%. La santé (10%), la justice (7%) et le logement (3%) arrivent en fin de tableau. Quant à l’environnement, seulement 14% des personnes interrogées en font leur enjeu prioritaire au moment de glisser leur bulletin dans l’urne. » (source)
L’opposition de gauche aurait tort de croire qu’il suffirait soudainement de libérer un peu de générosité, ou même simplement – soyons fous – de justice sociale, pour résoudre la crise démocratique.
La crise est plus vaste, plus profonde. Un mélange de peurs de toutes natures.
Contre un parti qui prêche la discrimination à 360°, on attaque à 360°. On devrait faire rêver, adhérer.
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