Authueil, Edvige et la tentation pavlovienne


Il y a deux mois, certains socialistes (et d’autres) avaient publiquement critiqué l’opposition systématique contre Nicolas Sarkozy, la qualifiant de « pavlovienne« , à propos de l’opposition socialiste (moins 2 voix) à la réforme institutionnelle.

La position récemment défendue par Authueil sur le fichier Edvige me semble témoigner d’une démarche tout aussi pavlovienne, mais pro-sarkozyste cette fois-ci. Un besoin de contredire l’élan humaniste, presque « gauchiste », de certains blogueurs (dont l’auteur de ce billet).

« Il faut que je les contredise« , semble dire Authueil à ceux qui s’indignent « évidemment » contre le fichier Edvidge. Que l’officialisation par décret de ce fichier emporte l’opposition de la gauche, de Bayrou, de la totalité des associations de droits de l’homme ne trouble pas Authueil. Ne doutons évidemment pas de son humanisme.

Mais, très sincèrement, très simplement, et sans aucune autre volonté que celle d’exprimer le plus clairement ma pensée, je résumerai ma réaction ainsi : certains débats vous projettent plus loin que leur objet. Ils vous font penser à des combats plus durs, à d’autres situations historiques plus rudes. Quitte à vous glacer le sang à cette simple pensée, ils vous conduisent à répondre à cette double question, totalement théorique, totalement fantasmée :

Dans quel camp serait-il ? Et moi, dans quel quand serais-je ? Et la réponse parfois vous glace le sang.

Sans rancune.

« Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas communiste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas social-démocrate.
Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas syndicaliste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les catholiques
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas catholique.
Lorsqu’ils sont venus
chercher les juifs
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester. »

12 réponses à « Authueil, Edvige et la tentation pavlovienne »

  1. elle est de qui cette citation déjà ?!

  2. Bertolt Brecht

  3. merci

    il y avait eu une vidéo qui avait circulé en 2007 sur ce texte, je n’arrive plus à mettre la main dessus

  4. Texte écrit à Dachau, attribué au pasteur Martin Niemöller (1892 -1984)

  5. merci Jean. J’avais le souvenir d’une citation de Brecht.

  6. Belle réponse à Authueil.

  7. Juan, tu tombes dans la facilité 🙂 Comme d’hab, on discrédite le porteur du message pour ne pas avoir à discuter du fond.

    Tu sais parfaitement que que je suis capable de critiquer Sarkozy quand il fait des conneries.

    Contrairement à toi, je ne suis pas militant, je regarde la situation et quand j’estime qu’une chose est bonne, je le dis, indépendamment de celui qui la propose (même chose quand c’est pour dénoncer une connerie).

    Plutôt que de sortir des slogans à la chaine, sors une reflexion de fond sur l’équilibre entre sécurité et liberté, sur la question du fichage dans son ensemble (pas seulement les fichiers policiers).

  8. « Dans quel camp serait-il ? Et moi, dans quel quand serais-je ? Et la réponse parfois vous glace le sang. »

    Tu serais sans doute surpris. Les personnes que l’on croit connaitre peuvent changer du tout au tout en situation difficile. On peut être agréablement surpris ou horriblement déçu.

    En fait, on ne se connait pas…

  9. Tu as raison authueil, « on ne se connaît pas. »
    Je ne cherche pas à plus te disqualifier que tu ne le fais toi-même dans les billets que je cites (c’est le jeu, non ?).
    Sur le fonds, le débat de fonds est intéressant, mais est-il nouveau ? A mon sens, il ne comporte qu’une question fondamentale, celle de la ligne jaune à ne pas franchir.
    Mais je vais y réfléchir, merci pour la suggestion.

  10. Dernière précision, authueil. Je ne suis pas militant.

  11. […] Où l’on découvre donc qu’un blogueur sarkozyste influent fait au mieux preuve d’un incroyable naïveté, qu’on qualifiera pour le coup de réaction sarkozyste pavlovienne (!), alors qu’il s’agit bel et bien dans cette sombre histoire d’une simple question d’humanisme et de démocratie. […]

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