Taxe Carbone: qui est démagogue ?


Lundi, Ségolène Royal s’est exprimée brièvement à la télévision, sur i-télé. Certains, à gauche comme à droite, avaient opportunément crié à la démagogie quand l’ex-candidate socialiste à la présidentielle avait dénoncé le caractère socialement injuste de la taxe carbone prônée par le gouvernement.

Démagogie anti-Royal

Pour les critiques anti-Sego, il fallait une bonne dose de démogagie et d’hypocrisie pour accuser Sego d’être ecolo-irresponsable. Lundi soir, Ségolène Royal a rappelé ce que des critiques de mauvaise foi refusaient d’entendre. Parfois, la politique est affaire de pédagogie, y compris vis-à-vis des adversaires « de l’intérieur », trop heureux de crier avec les loups: elle n’est évidemment pas hostile à la fiscalité écologique. Elle aimerait même que cette dernière subventionne les énergies propres, comme elle le prouve en Poitou Charentes. Que Ségolène Royal attire les foudres n’est pas surprenant. L’antisegolisme est devenu pavlovien chez certains. Inutile qu’on s’y attarde. A gauche, on aimerait que les antisego calment leurs rancoeurs et préservent le climat… politique de leur camp.

Démogagie antisocialiste

Tristement, l’un de mes quotidiens préférés (Libération), se permettait encore une double page mardi 1er septembre avec ce titre prometteur « Taxe carbone: le PS frise la démagogie fiscale« .  En cause, l’absence de démonstration sur le caractère supposé antisocial de la future taxe carbone.

Libération reproche au Parti Socialiste de critiquer trop tôt (« on ne sait pas ce que le gouvernement va proposer« ), et à côté (« le PS préfère attaquer à l’avance sur les éléments non tranchés (notamment celui de la redistribution) plutôt que de pointer les premières reculades du gouvernement : révision du taux à la baisse, exclusion probable de l’électricité du champ de la taxe. ») Le combat politique en Sarkofrance est pourtant ainsi fait qu’il faut désormais crier pour se faire entendre : qui le contestera ? Le temps de parole de l’opposition est désormais muselé au Parlement. Il ne se passe pas un jour sans qu’un « socialiste » traîne son ego dans une commission sarkozyenne. La France a besoin de clivages. Cliver le débat sur la fiscalité écologique est une nécessité, tant Nicolas Sarkozy est hypocrite sur le sujet. Le débat doit être provoqué dans la rue ou les meetings ! De surcroît, le gouvernement a largement démontré sa capacité à pénaliser fiscalement les plus modestes et préserver les plus aisés. Ironie du sort, Eric Woerth promettait ce week end à 3000 exilés fiscaux millionnaires (en euros) une clémence hors normes alors que le moindre voleur de pommes récidivistes finit en taule par l’application des peines planchers. pourquoi ferait-on confiance au trio Sarkozy/Lagarde/Woerth, les promoteurs du bouclier fiscal pour alléger la facture fiscale de la taxe carbone ? Eux-même ont installé, depuis octobre 2008, l’infâme offre raisonnable d’emploi (deux refus d’offres d’mploi à 2 h de transports de chez lui, et le chômeur est sanctionné).

Démagogie gouvernementale

On ne peut pas faire confiance à ce gouvernement pour créer de nouvelles taxes « propres » ET justes. Qui a oublié le projet de TVA sociale qui fit perdre quelques dizaines de députés à l’UMP dès juin 2007. Depuis juillet, les membres du gouvernement se sont succédés pour dire que les impôts n’augmenteraient pas à cause de la taxe carbone. Une affirmation floue et démagogique : le foyer modeste qui paiera cette taxe sera-t-il indemnisé directement ? Si oui, à quoi bon lui prendre d’un côté ce qu’on lui rend de l’autre ? Une redistribution efficace serait par exemple de financer l’isolation des logements des plus modestes (ce qui réduira leur besoin de chauffage), ou de subventionner le remplacement des équipements de chauffage au fioul , plutôt que taxer simplement la consommation. Certains à l’UMP sont hostiles à une redistribution directe et précise du produit de cette taxe carbone: «la recette de la taxe carbone doit être traitée comme n’importe quelle recette du budget de l’Etat»  a justifié Gilles Carrez, rapporteur UMP du budget à l’Assemblée Nationale. On peut être sûr que Lagarde et Woerth trouveront une utilité aux 4 milliards d’euros de taxe carbone. La question n’est pas celle-là, mais plutôt: qui paiera ? Et qui bénéficiera de cette redistribution ? Expliquer à un smicard qu’il va pouvoir équiper son logement de panneaux solaires (une promesse qui nous pend au nez) serait une belle hypocrisie.

A titre personnel, je regrette même l’absence du débat sur la décroissance, y compris au sein de l’aéropage d’Europe Ecologie.

Mais c’est une autre histoire.

3 réponses à « Taxe Carbone: qui est démagogue ? »

  1. Voila que notre ami Dedalus fait son anti ségo primaire sur le post.fr et après on dira faisons la paix des braves au PS.

    Titre du billet

    « Ségolène Royal – Des paroles, des actes… et des mules »
    Ségolène Royal prétend joindre les actes et les paroles.

    La suite sur le post ..

  2. […] trop élevée pour être indolore, mal compensée pour être juste. Ceux qui critiquaient la "démagogie" de l'opposition depuis quelques jours sur le sujet en seront pour leurs frais. Fillon a en effet […]

  3. […] opportunisme et basse démagogie, nous sommes véritablement en train d’occulter la véritable problématique environnementale que […]

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