Faut-il parler du récent brûlot publié contre le Parti Socialiste ? L’ami Nicolas (J, pas S) pose cette question. Il s’interroge aussi sur le silence relatif, dans les premières heures suivant la publication de l’ouvrage, des blogueurs segolistes. Après la taxe carbone, les tripatouillages électoraux internes du PS… A gauche, une polémique chasse l’autre chaque semaine en cette rentrée.
Pour ma part, je suis partagé.
Comme de coutume, et au risque de paraître un indéfectible suppôt de la Dame du Poitou, je ne souhaite pas critiquer sa première riposte, mercredi dernier sur France 2, contre l’élection truquée de novembre dernier. Comprenez-moi. Je ne vois toujours pas d’autre salut à gauche que sa candidature. J’entends bien les critiques de celles et ceux qui la juge trop artificielle (ils ont tort), trop centriste (c’est leur droit), trop aléatoire (ils ont tort – bis). Concernant l’ouvrage incriminé, le problème est ailleurs.
Le mal est fait.
Que pouvait faire Ségolène Royal face aux « révélations » de ce livre ? A droite, on lui conseille de pardonner, d’oublier, de passer à autre chose. Effectivement, personne ne peut se réjouir, dans le camp socialiste, d’une nouvelle querelle fratricide, longue et brutale en son sein. A gauche, les supporters de la direction actuelle crient au complot, à la manœuvre. On tenterait d’abattre le PS. Or, Martine l’a dit mercredi sur le perron de l’Elysée, « les Français ont besoin des socialistes ». N’étant pas socialiste, j’ai trouvé la réponse légère et hautaine. Un bouquin dévoile des bourrages d’urnes, et la Première Secrétaire ne trouve rien d’autre à dire ? Le spectacle, un peu rassurant, d’un semblant d’unanimité retrouvée chez les socialistes à la Rochelle est bel et bien enterré. Avec ou sans réaction de la part des dirigeants et militants concernés, le mal est fait. La bonne réaction de la direction du PS aurait été de se justifier, d’une part, et d’expliquer, d’autre part, les suites qu’elle entend donner à ces « révélations ». Par exemple, Martine Aubry aurait pu avoir le beau geste de convoquer je-ne-sais-quelle réunion au sommet pour débattre du sujet. Au lieu de quoi, c’est « circulez, y-a rien à voir ». Les autruches n’ont jamais fait de bons chevaux de combat.
Il fallait donc expliciter clairement que le trucage des élections l’an passé est quelques chose de … mal. Qu’y a-t-il de surprenant à cela ?
Le timing est-il si mauvais ?
Pour la suite, faut-il exiger de Ségolène Royal, la victime de ces trucages, qu’elle pardonne et n’enfonce pas le clou ? Evidemment le timing semble mauvais, trop proche des futures élections régionales. Pourtant, si Ségolène Royal choisit une voie conciliante, quelle garantie aura-t-elle, à l’avenir, que les prochaines échéances se dérouleront dans la sérénité et la transparence ? Aucune, bien au contraire. Ceci étant rappelé, il n’est pas sûr que l’affrontement produise de bons résultats. La direction du PS se figera dans sa position préférée, celle de la moule accrochée à son rocher. Et sorte les cas douteux et douloureux du déroulement de certains scrutins de novembre favorables à Royal en Guadeloupe ou dans les Bouches-du-Rhône.
J’arrêterai là les métaphores animalières, les prochaines pourraient être franchement désagréables.
Au fait, êtes-vous de gauche ?
Un commentaire ? Lâchez-vous… poliment.