26 octobre, coïncidence des dates. Le 26 octobre est aussi l’anniversaire de la Révolution Russe. Lundi dernier, Julien Dray, un ancien trotskyste, rencontrait quelques blogueurs politiques. Jacques Rosselin avait rassemblé Hypos, Laure, Intox2007, Blogiboulga, Owni,Vogelsong, Slovar, Mancioday, Malik, et un discret tweet-addict que l’on a pris pour un espion de la DCRI.
Pourquoi se revoir ?
Nous nous sommes tous interrogés sur les raisons cachées de Dray à vouloir ainsi nous revoir. Avait-il des révélations à nous faire ? Une annonce politique ? Quittait-il le PS ? Voulait-il nous voir relayer quelque chose ? Dray est plus simple. Les blogs politiques constituent des relais d’opinion. Et Dray veut qu’on relaye ce qu’on voudra bien relayer. « Vous en faites ce que vous voulez« .
Dont acte.
L’affaire Dray
Le « présumé coupable » est, inévitablement, revenu sur son affaire. Je n’ai retenu que deux éléments clés. Primo, la manipulation cachée sous son affaire: un socialiste balance quelques calomnies à Bercy quelques mois avant le Congrès de Reims. Eric Woerth, ministre du budget, diligente une enquête. Mais il avoue qu’il en conserve le secret jusqu’à la clôture des élections internes au PS. Fin décembre, il lâche l’information. Quand cette affaire est « sortie », de surcroît dans le quotidien Le Monde (sur son site, qui annonçait une perquisition chez Dray avant même que celle-ci n’ait commencé), j’ai crié à la manipulation, mais sans avoir cet éclairage.
Seconde information, Dray a ses têtes de turc. On le savait. Hamon en a pris pour son grade. Certains, parmi nous, l’ont défendu. Hamon est prévenu. Il le sait sans doute. Vu de l’extérieur, on comprend qu’il s’agit d’un combat de personnes, auquel nous serons de facto étranger. La politique créé des rancoeurs que la passion alimente.
La gauche décomplexée
Dray n’a pas utilisé ce terme. Il aurait dû. Interrogé sur l’avenir de son parti, il constate, comme Laure, que les débats ne sont pas à la hauteur. Le PS reste une écurie de présidentiables. Laure lui a demandé qui fera le ménage. Hypos s’est demandé comment faire le ménage. Dray assume une position : il faut tuer le présidentialisme. Plus généralement, « la gauche n’assume plus aucune rupture« . Il avoue aussi qu’il « n’a pas les réponses ». Il n’a qu’une certitude: le terrain politique de la gauche est social. Le reste n’est que vacarme. Selon lui, le problème qui se pose à gauche est qu’elle ne sait plus positiver son discours. Depuis des décennies, elle a été coincée, par la droite, dans une posture de bouclier, une position défensive et peureuse. Les classes moyennes ont peur. Elles craignent le déclassement. Le thème est à la mode depuis que je suis né. « On n’arrive pas à sortir de ce piège ». le discours de peur est le terreau politique de la droite.
Face aux écologistes, Dray souligne une méfiance : la décroissance, prônée par certains (y compris par votre serviteur), conduit souvent à un malthusianisme par essence dangereux. Dray a reconnu à Laure que le changement de nos mesures sociales et économiques, la création d’indicateurs de développement humain, étaient nécessaire.
Jean Sarkozy
Au passage, Dray a justement répondu à une critique que nous lui avions faite: pourquoi avoir soutenu Jean Sarkozy dans sa trouble affaire de nomination népotique à l’EPAD ? Le socialiste a été clair: oui, c’est du népotisme condamnable, mais attention aux arguments utilisés. Fustiger sa jeunesse et son incompétence n’était pas, selon lui, la bonne solution.
Je ne suis pas sûr de suivre Dray sur toutes ses positions politiques. Mais son statut involontaire de paria lui donne une lucidité qui rafraîchit le débat et l’action.
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