Ségolène Royal était quand même crispée, mais offensive, sur CANAL+ mardi 17 novembre. Le clash avec Vincent Peillon a laissé des traces.
1. Ségolène Royal a toujours eu du mal à s’adoucir pour convaincre. Elle semble autoritaire. C’est sans doute une marque de fabrique de nombre de dirigeants. Qui a dit que de Gaulle, Chirac ou Mitterrand étaient des doux qui cherchaient davantage à convaincre par persuasion qu’autorité ? Je l’avais rencontré, quelques semaines après la défaite (cherchez les archives de ce blog, vers le mois de juin 2007). Elle conservait une rancoeur, a posteriori extraordinairement maîtrisée, contre ses « camarades » qui n’avaient cessé de savonner la planche pendant la campagne de 2007. Ses propos contre Peillon samedi à Dijon étaient durs, trop durs. Il suffisait d’un peu de courage à l’intéressé pour répliquer violemment. Ce que Peillon n’a cessé de faire depuis dimanche. Dommage.
2. Il est toujours facile d’accuser les médias. C’est vrai. Il n’empêche. Concernant Ségolène Royal, l’indulgence médiatique est inexistante. Le moindre de ses écarts fait l’objet de tirs en mitraille. C’est évidemment agaçant. C’est évidemment injuste. Ségolène Royal a subi des attaques inouïes de la part de politiquement proches. Honnêtement, à sa place, je les aurais décapités. En politique, seule la victoire compte. Les adversaires de Ségo ont souvent plus de prises en attaquant la personne et son comportement que ses idées. C’est un constat, pas une critique.
3. Néanmoins, accuser les médias ne sert à rien. Il faut être précis. Il aurait fallu expliquer, simplement, que certains journaux aiment davantage les désaccords de méthode, les explications de textes, les conflits de personnes que les sujets de fonds. Absent des discussions de Dijon, j’ai dû chercher, enquêter, comprendre. Ségolène avait-elle pris d’assaut la tribune ? Non. Elle était assise parmi d’autres. Elle a tenu une conférence de presse, à l’heure du déjeuner, pour expliquer – trop violemment – ses idées. La violence des un(e)s et des autres est chose courante en politique. Sarkozy, en son temps, voulait accrocher à un croc de boucher certains de ses opposants. Rien de tout ça au Parti Socialiste.
4. Ségolène Royal a voulu – et veut toujours – récupérer son ancien courant. Celles et ceux qui la soutiennent devraient s’en réjouir. En politique, il faut disposer de troupes, et notamment dans des partis. Les « destins » individuels sans soutien partisan sont voués à l’échec. Ségolène Royal a compris, peut-être un peu tard, que Vincent Peillon tentait de lui chiper ses troupes. Peillon avait raison d’engager le débat sur le fonds, et non sur les personnes. Ségolène a raison de vouloir récupérer. Dans un combat politique, il n’y a que quelques naïfs pour penser qu’on devrait échanger, discuter, partager sans se préoccuper de contrôler un courant à défaut d’un parti. Comment reprocher à Ségolène Royal de vouloir maîtriser des courants ?
5. Ségolène Royal ne parlait pas au cercle parisien. Elle parlait au peuple. L’expression paraît pompeuse. Quand l’attaque médiatique (on a cru un instant que Peillon et Royal s’étaient défiés en duel, un matin humide dans la campagne) est aussi violente, il faut répondre que ce n’est pas si grave. Ségolène ne s’adressait pas aux militants ultra-informés, supporters ou opposants. Elle parlait à ceux qui n’en sont pas. Cela peut dérouter. cela a toujours dérouter. Cela énerve au PS et ailleurs. Certains voient encore le PS comme une élite inspirée: on a raison, on définit notre programme, on choisit notre candidat(e). Les Français votent enfin. Ce temps est dépassé. Les sympathisants vont et viennent.
La démarche d’Europe Ecologie est à ce titre exemplaire. Les personnalités et les idées s’affrontent. Mais personne ne se voit présidentiable. On peut discuter, s’engueuler. Les arrière-pensées d’écuries présidentielles sont absentes des engueulades, des discussions. Voici peut être le meilleur attelage: un mouvement fort qui irait soutenir le/la candidat(e) d’un autre camp, proche mais différent. Un rêve sans doute.
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