La journaliste française s’est presque excusée, mardi 31 mai, après les images insoutenables du cadavre de Hamza qu’elle venait de diffuser dans son JT. « La famille souhaitait que ces images soient vues », expliqua-t-elle en substance. On voyait des traces de brûlures de cigarettes, des doigts brisés, un visage déjà gris mais couvert de bleus. Le commentaire ajoutait que les tortionnaires lui avaient sectionné le sexe.
A en croire la photographie de Hamza vivant, le jeune garçon avait encore un visage poupon. La police syrienne l’avait arrêté le 29 avril dernier parce qu’il avait chanté contre le régime de Bachar El-Assad.
Je me suis souvenu, comme de nombreux spectateurs français de ces atrocités de la répression en Syrie, du visage souriant de Asma el Assad, l’épouse du dictateur syrien, quand elle était venue avec son mari en juillet 2008. Ou de cette interview, en décembre dernier, par Paris Match. Le magazine nous expliquait que « le président syrien et sa femme se sont offert une escapade amoureuse dans la plus romantique des capitales. » La séduisante première dame s’exprimait avec légèreté et glamour : « Je ne pense pas que mon mari ait un problème d’image. [Rires.] Il n’a besoin ni de moi ni de personne pour améliorer son image« . Ou encore : « En Syrie, depuis trois ans, nous plaçons la culture au cœur de notre développement national. ». Sur l’affaire Wikileaks,
Avez-vous été surprise par ce que les Américains pensent de vous, à travers les télégrammes diplomatiques rendus publics par WikiLeaks ? Est-ce une menace pour les nations de voir leurs secrets révélés comme cela ?
La vraie question, c’est : qu’est-ce que cela dit sur l’Occident et sa vision de la liberté de parole ? C’est plus important que les détails sur ce que les uns pensent des autres. Ce qui est en cause, ce sont les valeurs de démocratie et de liberté de parole dont l’Occident s’enorgueillit et qu’il utilise pour juger les autres.
A l’époque, je m’étais demandé quelle réaction pouvait avoir ces journalistes français contraints ou volontaires de faire de pareilles interview people des grands bouchers de ce monde. On savait que de nombreux opposants croupissaient encore dans les geôles syriennes. Mais on n’en parlait plus. Il fallait aller fouiller les rapports d’Amnesty. La diplomatie et le commerce n’excusent pas certainement pas cette complaisance nauséabonde.
Quatre mois plus tard après cet entretien surréaliste de complaisance, le jeune Hamza était donc arrêté par les sbires du « Mari qui n’a pas de problème d’image« .
Un commentaire ? Lâchez-vous… poliment.