Le site Arrêt sur Images(*) a mis en ligne une très instructive et longue interview du journaliste Patrick Cohen par Maja Neskovic (la version longue de 56 minutes vaut largement le détour). Cette dernière chronique chaque semaine les sources d’infos de ces pros qui gouvernent notre information.
Ils parlent de tout (ou presque), avec autorité et brio. Mais comment eux-mêmes s’informent-ils ? Chaque semaine, Maja part « @ux sources » d’un éditorialiste, d’un patron de presse, d’un intellectuel, ou de tout autre « omniscient » à la française.
Patrick Cohen anime la tranche 7-9 heures de France Inter du lundi au vendredi.
On y découvre que l’homme bosse dur ses interviews. Internet est pour lui une véritable source de veille, d’information réactive. C’est rassurant. J’ai toujours trouvé Patrick Cohen particulièrement bien informé quand il cuisine son invité.
Puis, à cause d’une simple phrase, j’ai failli être gravement déçu, d’une déception que d’aucuns jugeront quasi-narcissique.
Cohen dévoilait combien Internet lui sert, y compris les PurePlayers, et même les blogs… Ah, mon oreille se dressa…
pas mal de blogs… pas les blogs de gens tous seuls dans leur chambre de bonne qui donnent leur avis sur la marche du monde, mais des blogs de journalistes spécialisés.
Ah. Le journaliste préfère lire des « Journalistes« .
Ce n’est pas la première fois que nous autres blogueurs non encartés professionnellement dans cette délicieuse corporation fiscalement bien nichée. Il y a pourtant une complémentarité évidente entre nos deux sphères.
Les journalistes produisent de l’information. Certains y sont brillants. Leur job est de nous dire ce qui se trame. Les journalistes accrédités à l’Elysée ont mille choses à dire de plus intéressant que n’importe quel blogueur. Ceux sur le terrain libyen risquaient parfois leur vie pour nous dire ce qu’il en était sur place au milieu des combats.
Mais d’autres sont devenus inutiles, les éditorialistes professionnels. Nous les avons mangés. Ils ne parlent qu’à une élite contestée. Ils ne produisent plus que du commentaire souvent daté, politiquement marqué, sociologiquement disqualifié.
Barbier, Aphatie, Duhamel, Brossolette, Nay, Joffrin, etc. Certains ont une excuse. Ils dirigent des journaux. C’est d’ailleurs leur seule légitimité. Pour d’autres, on ne sait pas pourquoi certains médias et de nombreux auditeurs leur donnent encore quelque crédit. Ils sont tous blancs/bourgeois, souvent quinqua, rarement femmes (je vous ai cité les deux uniques spécimens féminins).
Patrick Cohen cherche donc de la véritable information. Il néglige peut-être quelque chose.
La véritable information, dans notre monde sur-informé, nait aussi de l’angle que l’on choisit pour relater la réalité.
Allez, pour le plaisir, un court extrait d’une échauffourée entre Cohen et Guillon. Bons tous les deux.
(*) article payant.
Un commentaire ? Lâchez-vous… poliment.