En 1990, nous étions quelques-uns à être ravi que Jean-Pierre Chevènement, au moins, libère notre conscience en quittant le gouvernement socialiste de l’époque, coincé dans la première guerre du Golfe.
En 1992, nous étions soulagés que Chevènement, avec d’autres, porte la voix du NON à Maastricht dans une fin de règne mitterrandienne détestable.
En 2002, nous étions quelques-uns à ne pas comprendre la posture nationaliste/ni droite ni gauche qu’adopta le candidat Chevènement contre son ancien premier ministre Lionel Jospin.
En 2007, nous fumes ravis qu’il soutienne avec loyauté la candidate Ségolène Royal.
En 2011, nous sommes surpris et déçus que l’ancien ministre de l’intérieur, animateur du Ceres, pense être utile en déclarant sa candidature à la présidence. Il promet que sa candidature n’ets pas dirigée contre François Hollande, qu’elle sera « pédagogique« .
Le Parisien: Vous êtes donc candidat ?
JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT. Oui. J’ai beaucoup réfléchi, écouté. Et je suis candidat à l’élection présidentielle pour faire bouger les lignes. Ma candidature se veut pédagogique à l’égard des citoyens mais aussi des autres candidats. Ceux qui nous dirigent ne sont malheureusement pas préparés à faire face aux secousses très fortes qui sont devant nous.Le Parisien: La crise que traverse le pays a-t-elle été l’élément déclencheur ?
Assurément car cette crise est sous analysée. Voilà vingt ans, j’ai pris position contre le traité de Maastricht que tous ceux qui nous dirigent ont soutenu. Le vice est dans la conception de la monnaie unique : on ne peut pas transférer la souveraineté monétaire de 17 pays très différents par leurs structures économiques, leurs langues et leurs options politiques à un aréopage de banquiers centraux, irresponsables et obnubilés par l’inflation. Après hier, le défaut partiel de la Grèce, aujourd’hui l’Italie, demain l’Espagne, ce qui nous menace, c’est une récession généralisée ! Nicolas Sarkozy ne nous offre qu’une austérité à perte de vue : son horizon est le maintien du triple A. La souveraineté populaire a été transférée aux agences de notation ! Quant à François Hollande, il promet de réduire le déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2013 sans remettre en cause la logique actuelle de la monnaie unique. Pour sortir de l’impasse, la solution consiste à donner à la Banque centrale européenne les mêmes prérogatives que la Banque centrale américaine afin qu’en rachetant les titres de dette des Etats, elle puisse casser la spéculation et doper la croissance.
Nous n’avons pas besoin de candidature pédagogique en 2012.
Nous avons besoin de combat.
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