« Mais vous êtes réac finalement… »
Le commentaire émanait d’un copain blogueur que vous reconnaîtrez puisqu’il en a fait des tweets et un billets assez rapidement. Nous étions cinq dont mon épouse à divaguer sur les Roms qui créchaient dans la rue de l’un, l’ancienne ZEP de nos racailles, les voiles que l’on croise dans la rue, ou ces gamins qui ne respectent rien.
Bref, on se serait cru à une conversation de droitistes sauf que nous étions tous d’infâmes gauchistes.
On adorait tous Taubira (la vraie révélation de ce gouvernement), on fustigeait l’endogamie de ces éditocrates qui nous serinent avec l’exigence budgétaire européenne, on était ravi de ces hausses d’impôts qui redressaient quand même, enfin, un peu l’insupportable écart de rémunération qui a prospéré depuis une décennie.
Nous étions deux jours avant la fin du mois de septembre 2012 et il faisait bon de se confier sans posture et tout en sincérité.
« Mais vous êtes réac finalement… » a-t-il répété en souriant.
« Créons la gauche réac » ai-je suggéré, en réponse.
« La gauche réac, parce qu’il faut des baffes sociales ! » a renchéri le troisième.
La gauche réac en a marre de se faire marcher sur les pieds. Elle partage avec la Gauche Populaire le souci d’embrasser la France dans son ensemble, d’imaginer la France comme une République laïque et indivisible. Mais elle n’est plus seulement dans la pédagogie. Elle pense qu’il faut taper quand il faut taper. Elle est persuadée que la gauche est là pour changer la vie, et quand la vie est bousculée par une délinquance tenace et instrumentalisée, il faut bien lui faire un sort.
La Gauche Reac croit au progrès de l’homme et des esprits comme la Gauche Morale. Mais quand ce progrès ne vient plus ou si certains en abusent, c’est deux baffes et au lit !
Elle ajuste le niveau de ses attaques et de ses baffes à celui de l’adversaire.
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