Qu’importent les désaccords politiques – nous les exprimons dans ces colonnes et ailleurs. Il s’agit d’autre chose, qui me fait penser à un autre temps. Guy me dira qu’il faut s’adapter, que notre personnel politique devrait s’adapter.
Il n’empêche.
Cela ressemble à une traque médiatique comme la France en a connu des dizaines avant la Guerre. Certaines d’entre elles étaient antisémites. D’autres simplement de la vengeance politique. Puisque l’on se rappelle de la Grande Guerre à l’occasion du centenaire prochain de son déclenchement, on pourrait se souvenir de cette affaire Caillaux de 1914. Quelques mois avant la Guerre, le patron du Fiagro s’était employé à déstabiliser le ministre des finances Joseph Caillaux, à tel point qu’il dérapa vers l’intime, menaçant de publier des lettres entre le ministre, sa femme et sa maîtresse – ou l’accusation infondée de corruption. Déjà à l’époque, ces outrances médiatiques en choquaient heureusement certains.
« Il est des méthodes de polémique que nous nous devons de laisser à certaine presse de boue et de chantage et qui n’en doivent point sortir, pour l’honneur même de notre profession. » Collectif « Le Témoin », publié par Le Siècle en janvier 1914
L’affaire Gayet/Hollande/Trierweiler ressemble à cela. C’est une nouvelle traque, sans rapport avec l’action politique du gouvernement. Elle n’est pas non plus née d’une surexposition programmée à l’Elysée de la vie privée de François Hollande. Ce qui n’est qu’une querelle intime s’est emparée de la classe médiatique sans qu’on comprenne où elle s’arrêtera. Les plus grands journalistes s’y égarent. Elle réactive les vieux conservatismes cachés de certains. Au bureau, un collègue m’a dit « quand même, Valérie Trierweiler a quatre employés et un bureau à l’Elysée. » Et alors, ai-je demandé. « Ben, elle n’est pas mariée » a-t-il enchaîné. L’archaïsme le plus complet refait surface.
Mais s’il n’y avait que cela. Nous avons tout.
« On assiste à une chasse à l’homme derrière le président, avec des paparazzi, des publications de photos, et de rumeurs ». Jean-Vincent Placé
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