Tu comprends intérieurement que c’est fort, grave, dramatique quand ton corps tressaute de sanglots, inattendus, à l’évocation du drame.
Le massacre chez Charlie Hebdo ne m’a pas effrayé. Il n’y a aucune raison d’avoir peur, mais toutes les raisons d’être profondément bouleversé, triste et effaré.
La nouvelle d’hier a choqué.
Chez moi, on a pleuré, en famille. On n’aimait pas forcément tous les dessins de Charlie Hebdo. On n’était pas des fans.
Cabu, je le suivais depuis longtemps, mon enfance.
La video où l’on voit les deux tueurs sortir de leur voiture, blesser un policier, puis s’approcher de lui pour l’achever d’une rafale en passant et repartir, avait été vue par Lianne, sur Facebook. Mon garçon a été tétanisé d’apprendre la mort de dessinateurs quelque part dans un bureau à Paris, près de la boutique d’un ami.
Ce massacre est donc un choc puisqu’il est proche, ici, là, à côté de nous.
Il y a eu ensuite quelques nouvelles, insuffisantes bien sûr pour empêcher quelques tressautements. D’abord des manifestations spontanées, plus de 100.000 personnes. Puis l’identification rapide des trois suspects.
« ça fait plaisir », m’a dit mon fils. Oui, j’attendais ce moment, le plus rapidement possible, pour terminer la journée. Et même si l’autre journée annoncera peut-être autre chose.
Nous avons quitté les chaînes d’informations juste à temps pour penser à l’après, éviter la seconde séquence, celle des mauvais commentaires, de l’instrumentalisation. Il était temps de (re)voir un documentaire sur les dessinateurs politiques et les risques qu’ils prennent, sur une chaîne de télévision.
S’apaiser, pleurer encore parfois, mais respirer.
J’ai du nettoyer mes blogs de quelques commentaires. Celles et ceux qui pensent que les 12 victimes de l’attentat « méritaient », « l’avaient cherché », ou même, dans sa variante la plus light, « avaient pris trop de risques », n’avaient pas leur place ici. Celles et ceux qui, sur le blog principal qui n’est plus qu’une annexe, pensaient que Zemmour avait raison, que l’islam est une religion « intrinsèquement » mauvaise ou violente, etc, n’avaient pas non plus leur place.
J’ai lu assez vite sur Twitter (1) des commentaires critiques contre Valls, Mélenchon, Sarko qui « récupèrent »; (2) des insultes islamophobes de ligards d’extrême droite, (3) des railleries diverses des uns sur les émotions des autres.
Bref.
Encore une fois,
Il n’y a aucune raison d’avoir peur, mais toutes les raisons d’être effaré.
#UnJourAprès
Rien d’autre à dire … #CharlieHebdo #Charlie pic.twitter.com/CTWJ24nKOQ
— Gilles Chevalier ن (@GC7513) January 7, 2015
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