Le portrait de Jean-Luc Melenchon par Ariane Chemin a choqué.
La journaliste du Monde est pourtant talentueuse. Je la lis depuis longtemps, très longtemps. Elle a écrit quelques articles et ouvrages mémorables. On y était parfois mal à l’aise, car elle navigue soivent entre narration du privé et interprétation des propos et actes publics. Mais Ariane Chemin est douée, très douée.
Ce weekend, elle fait le portrait de Mélenchon dans les colonnes du Monde. Mais elle ne nous épargne aucun cliché, et pas les pires. Sa description de l’enterrement de François Delapierre, comme la manifestation d’un groupuscule sectaire est glaçante. Elle emprunte beaucoup à un réflexe de classe, ou l’ignorance d’une réalité – que la souffrance exprimée dans ces moments difficiles doit être libre de surinterprétation.
Ariane Chemin a écrit un portrait pour inquiéter et dépeindre, in fine, Mélenchon comme un adorateur de l’autocratie vénézuelienne. Et pour servir cet argument, tous les moyens sont bons.
Pourquoi sinon serait-elle allée jusqu’à cette sur-interprétation de ce que les survivants du défunt, au premier rang desquels son épouse aujourd’hui candidate de la France insoumise ?
Ariane Chemin emprunte la voie usuelle de la caricature. En 2015, elle expliquait déjà que le mauvais génie de Sarkozy et Jean-Luc Mélenchon « avaient les mêmes schémas de pensée ». On peut avoir des désaccords avec JLM sans recourir à ce point Godwin de la facilité. Abuser d’un moment intime, le dernier hommage à un mort, n’est pas la meilleure des démarches journalistiques.
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