Les terroristes veulent terroriser. Combien sommes-nous à avoir oublié cette évidence ? Ils commettent des crimes destinés à frapper les esprits, à sidérer leur ennemi, à semer la discorde et la zizanie en son sein, bref, à le déstabiliser.
Jusque là, vous suivez sans doute.
Il a suffit d’un court billet de lassitude après une salve d’attentats gigantesques revendiqués par Daesh pour recevoir un long commentaire d’un visiteur occasionnel de ces colonnes. Et j’ai compris qu’il n’avait rien compris. Rien de rien de rien.
Didier Goux, puisque c’est de lui dont je parle, tient un blog pourtant bien écrit. Mais la belle langue n’entraîne pas forcément la justesse du raisonnement. Une semaine avant l’attentat de Nice, il a considéré dans un (trop) long billet que j’incitais à subir les attentats, à ne pas réagir à l’égard des terroristes et de leurs actes. Que je prônais l’indifférence à l’encontre des actes de terrorisme.
Sans rire ?
Sans rire.
Citation:
Que faire, face au terrorisme ? Comment réagir pour le contrer, le réduire, l’endiguer ? On a parfois la déprimante impression que personne ne le sait. Heureusement, si ! Certains esprits plus lucides et déterminés ont compris quelles armes il fallait opposer aux assassins et, surtout, dans quelles tragiques erreurs nous devions éviter de tomber. Je vous invite donc à vous rallier sans tarder aux conseils de cet infatigable combattant de l’avenir qu’est le soldat Sarkofrance. En voici un extrait :Le terrorisme à si grande échelle vise une terreur à laquelle il ne faut pas céder. Ne pas céder consiste d’abord à ne pas réclamer à chaque attentat de énièmes nouvelles mesures répressives, ne pas instrumentaliser les drames, ne pas réagir sauf pour exprimer une compassion envers les victimes; ne pas se disputer sur l’interprétation politico-sociale à donner à l’évènement; ne pas s’indigner contre telle ou telle religion.
Reprenons le début du propos original de mon billet: « La terrorisme à si grande échelle vise une terreur à laquelle il ne faut pas céder« . La question posée n’était pas le terrorisme, mais la terreur qu’il est censé susciter au sein de chacun de nous, les réactions individuelle et collective que nous adoptons face à l’information de ces attentats. Comment éviter de céder à cette terreur et les différentes conséquences ou manifestations qu’elle entraine ? Comment éviter de se laisser miner par l’accumulation de drames (cf. cet autre attentat, lundi à la hache dans un train en Allemagne), ou effrayer par le mode opératoire que ces bourreaux utilisent pour sidérer ?
Cela n’a pas grand chose à voir avec la riposte contre les terroristes eux-même (qui est du ressort de nos Etats jusqu’à preuve du contraire).
Le récent attentat de Nice en fournit un bel exemple des ravages de la terreur: il a été suivi d’un traitement médiatique maladroit puis de polémiques indignes entre nos politiques, ; une énième surenchère sécuritaire sans qu’on comprenne son rapport avec l’attentat lui-même. Sur les réseaux sociaux jusque dans les couloirs de l’Assemblée, sur les ondes et dans quelques rues, certains ont cédé aux sirènes de la division et de la peur. Ils ont préféré attaquer, en vrac, le gouvernement, les politiques, les arabes, les musulmans, la droite, la gauche, leurs voisins, l’Amérique, Poutine, l’état d’urgence ou l’absence d’état d’urgence, etc. Ils ont préféré brailler, crier, siffler. Ils sont tombés dans le panneau de la terreur aussi sûrement qu’un taurillon se précipite sur un chiffon rouge.
Pour certains, je veux croire qu’il ne s’agit que d’un coup de l’émotion. Pour d’autres, notamment quelques sous-ténors politiques, c’était simplement du cynisme politique d’une bassesse assez incroyable.
P.S: En fait, Didier G a été heurté par une phrase, qu’il sort volontiers de son contexte, et même de tout le billet: » Ne pas céder au terrorisme consiste à ne pas réagir au terrorisme autrement que dans la solidarité et l’émotion. » Heureux les infaillibles du clavier: je vais la lui restituer comme il fallait la comprendre dans le propos général:
« Ne pas céder
auterrorismeà la terreur consiste, pour nous simples citoyens, à ne pas réagirau terrorismeautrement que dans la solidarité et l’émotion. »
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