Le constat, pas faux, d’un ami de retour d’un court exil américain est que Trump a gagné parce qu’il a parlé économie avec plus de persuasion et d’exemples que sa rivale démocrate. Tandis que les soutiens divers et variés d’Hillary Clinton se choquaient des outrances machistes, xénophobes, homophobes et autres du milliardaire américain, Trump martelait ses arguments simplistes sur comment il ramènerait de l’emploi en Amérique.
Nous écoutions effrayés les saloperies verbales du candidat républicain, mais une belle fraction états-unienne était touchée au coeur par ses déclarations grandiloquentes en faveur de l’emploi et de la croissance.
Si le raisonnement se tient, il pourrait se dupliquer en France.
Marine Le Pen aurait tout à perdre. Son programme économique est un mélange indigeste qui emprunte à la gauche (retraite à 60 ans, défense de la Sécu), aux nationalistes (fermetures de frontières), et à l’extrême droite bien sûr (exclusion des immigrés, etc). Nous y reviendrons. Le plus frappant de son « programme » est surtout sa faiblesse. Il se résume à très peu de propositions, un éventail largement insuffisant au regard des enjeux, comme si tout sujets impossibles à caser dans la grille de lecture « protection nationale/exclusion des étrangers » avait été sorti du champ de propositions frontiste.
L’enjeu de Marine Le Pen reste donc d’éviter de parler économie, sauf quand le propos sert son discours xénophobe.
François Fillon se croyait solide en matière économique. Il avait bâti son programme et gagné la primaire de droite sur des propositions de purge libérale qui désormais effrayent jusqu’à son propre camp. Emmanuel Macron est à peine mieux loti: entre auto-contradiction (sur les 35 heures) et mesures floues (à l’exception d’une bascule du financement de la Sécu vers l’impôt ou d’une promesse sans chiffrage ni explication de remboursement des frais de lunettes à 100%), on aura du mal à croire qu’il est si éloigné que cela de la politique de l’offre inégalitaire et inefficace que François Hollande a suivi, avec Macron, pendant 4 ans et demi.
Ces deux champions du libéralisme économique, proches dans leur approche mais différents dans leurs intensité, ont tout à perdre à parler d’économie avec trop de détails. Car l’économie, telle que les « gens » la vivent, c’est d’abord l’emploi, le salaire, le coût de la vie quotidienne, les soins.
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