Finalement, il fallait les voir, un à un. Depuis 10 jours, les 11 candidats de ce premier tour d’une présidentielle exécrable ont tous un clip de campagne à diffuser à la télévision publique. On dit que l’exercice est désuet. Je ne le crois pas. Environ la moitié du pays et une gros tiers des adultes de ce pays ne regardent pas les videos sur Facebook ou YouTube. Nos JT font toujours des scores d’audience inégalés. Bref, la TV a encore une place installée surpuissante, surtout auprès du public plus âgé.
Regarder ces clips officiels donnent quelque frisson, de l’ennui aussi.
Macron, Mélenchon, Le Pen se distinguent: ils avancent certaines de leurs propositions. Pas les autres candidats. Le Pen est terrifiante. Elle ne s’est pas foulée, comme si l’exercice ne l’intéressait pas. Elle déroule ses arguments avec une violence et une rage froides. Elle fustige la « dépense publique nocive » (comme Fillon), la « fraude fiscale et sociale » (comme Sarko), elle soigne « les personnes âgées » (comme Sarko). Elle promet de tout « remettre en ordre« , elle qui se planque de la police et de la justice quand on lui demande de s’expliquer sur ses emplois fictifs.
Hamon flotte, il vole au-dessus des nuages, il est désaxé par rapport à cette campagne. Il est presque touchant. Mais son clip est brillamment réalisé.
Quand vous écoutez Fillon, vous pensez inévitablement à la poignée de millions d’euros d’argent public que ce gars a ponctionné pour salarier femme et enfants pour petits travail ou soupçon d’emploi fictif. Vous pensez à ses mensonges successifs dans cette affaire. Vous pensez à ses costumes offerts, à ses prestations de conseil pour des labos pharmaceutiques.
Dans son clip, Macron abuse de des slogans contre les quels on ne peut exprimer aucun désaccord, des bonnes formules tautologiques et triviales, c’est même sa marque de fabrique depuis qu’il est en politique: « faire avancer les choses avec tout le monde et pour tout le monde ». Son clip ressemble aussi à ceux de Sarkozy en 2007, tant sur le fonds (« mettre la France en marche, c’est remettre le travail en marche ») que sur la forme.
Le meilleur clip de campagne de Macron est celui-ci, réalisé par Osons Causer. Oui, osons causer du bilan de Macron.
Mélenchon va droit au but. Il ne fait pas l’apologie de Chavez ni de Poutine comme ses contempteurs de la dernière ligne droite aiment le caricaturer. Il déroule les grandes lignes d’un programme connu et publié depuis 6 mois.
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