Ben oui. Quiconque a voyagé dans un pays non démocratique, quiconque a vécu sous un régime non démocratique ne peut comprendre que l’on se pose ce genre de questions. Rien n’est sans doute fait pour aider la/le citoyen(ne) à se saisir du sujet, à en comprendre les enjeux. Le rythme de l’actualité est trop rapide, on s’attache aux petites phrases, aux attaques des uns, aux réponses des autres, aux tactiques en tous genres.
J’avoue. Comme bien d’autres électrices et électeurs, j’ai du mal avec ces élections régionales. Les propositions peuvent être localement concrètes, ou concrètement très locales (pour ou contre l’ouverture nocturne des transports publics ?) Mais sur le fonds, la « nationalisation » du scrutin semble avoir atteint un summum. Les mots d’ordre de l’UMP sont faciles (« trop d’impôts ! »), prévisibles (insécurité), parfois ignobles. Ainsi, après l’affaire Soumaré, où quelques traficoteurs de l’UMP sont allés se procurer des extraits (faux) de fichiers de police, voici l’UMP qui profite de la 100ème journée internationale des droits des femmes pour désigner Huchon « mysogine du jour ».
En Alsace, la droite reprendrait la tête des intentions de vote. Il faut adorer les sondages locaux de cette nature. Les échantillons sont dérisoires. Selon TNS Sofrès, l’UMP arriverait en tête, avec 41% des votes, suivi, loin derrière, des socialistes et d’Europe Ecologie à égalité avec 17% des intentions. L’institut a interrogé 700 Alsaciens inscrits sur les listes électorales, « représentatif de l’ensemble de la population de la région Alsace âgée de 18 ans et plus. » A ce niveau, la marge d’erreur statistique est d’environ 5 points. Pire, le taux d’abstention n’est pas indiqué. A quoi ressemble la population alsacienne ? A nos ami(e)s alsacien(ne)s, je conseille de lire l’excellent blog Mon Mulhouse. Il rappelle les résultats de l’enquête de Terra Eco sur les régions les plus vertes : l’Alsace se classe péniblement à la 14ème place sur le critère de l’environnement (sur 22 !), et même 20ème pour la pollution atmosphérique et 18ème en énergies alternatives.
Plus loin, en Haute Normandie, Denis Szalkowski s’agace, sur Voix Militante, du mauvais classement de la région, également industrielle, dans le même classement Terra Eco. La charge, comme ce classement, est facile, peu de régions arrivent à de bons scores. Les histoires locales, les climats, les développements passés diffèrent qu’un tel classement général, fondé sur une photographie à un instant T, induit en erreur. Laure Leforestier préfère détailler sa campagne en Haute Normandie. Le programme d’Europe Ecologie, qu’elle soutient, est consultable. Les propositions sont souvent concrètes, et identifiables.
En Poitou-Charentes, le bilan de Ségolène Royal intéresse les « ténors » de l’actualité nationale. Après le Monde la semaine dernière, voici MEDIAPART qui s’y colle : « Premier volet de notre enquête, le bilan de son action. Il est marqué par un fort volontarisme politique et médiatique en matière économique et environnementale, ainsi que par une «gestion directe» des subventions, au plus près des habitants. » Tiens, l’éco-bilan de la région, par Terra Eco, est plutôt flatteur : une jolie sixième place (et un 8ème rang sur l’énergie solaire).
Dimanche, il faudra voter, se souvenir des fausses promesses écologiques des uns (comme qualifier l’énergie nucléaire qui nécessite de piller les ressources d’uranium de certains pays « pauvres« ), les impostures sociales des autres. Souvenir, surtout, que la « majorité » sarkozyenne entend reprendre aux collectivités locales une bonne part de leur autonomie de gestion sous le mauvais prétexte d’une simplification administrative qui ne résoudra rien.
Dimanche, il faudra se souvenir du chemin parcouru depuis mai 2007.
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