C’est l’été.
L’hiver, on parle des SDF qui meurent de froid. L’été, c’est les Roms. La destruction des campements sauvages est devenue un triste marronnier de l’actualité estivale.
En juillet 2010, Nicolas Sarkozy avait lancé la mode de la façon la plus brutale qui soit. Les Roms n’étaient qu’un sujet parmi la longue litanie des amalgames xénophobes qu’il avait alors énoncés. Il y a deux semaines, quelques commentateurs imprécis avaient cru pouvoir assimiler une courte déclaration de Manuel Valls à propos des Roms à l’ignoble et trop long discours de Grenoble de l’ancien monarque. Comme d’autres, j’avais fait une mise au point: ne confondez pas tout, … ce qui n’empêche nullement la critique.
Quand la Commission de Bruxelles a fait savoir, ce vendredi à l’AFP, qu’elle surveillait avec attention comment les autorités françaises traitaient les Roms cet été, la critique est devenue nécessaire.
Quand les images de familles campant sous des abri-bus en pleine ville s’invitent devant nos photographes, la nausée est inévitable.
Quand Eric Ciotti félicite Manuel Valls, la rage revient doucement.
« Les services de la vice-présidente en charge de la Justice Viviane Reding sont en contact avec les autorités françaises et analysent la situation pour s’assurer que les règles européennes sont respectées », a expliqué Mina Andreeva. « C’est une mise à l’épreuve des nouvelles autorités françaises », a commenté plus abruptement un responsable européen sous couvert de l’anonymat. « La Commission veut vérifier la volonté de la France d’appliquer les règles qu’elle a introduit dans sa législation » (source: tf1)
Voici donc que les Roms continuent d’occuper l’actualité estivale. Et du pire des angles qui soit: les expulsions. Je vous invite à lire les deux billets publiés par mon confrère Romain Blachier, dont celui de Jules Praxis.
L’actuel gouvernement a certes évacué de son discours la politique du chiffre, les saloperies verbales de l’ancienne équipe au pouvoir, la stigmatisation globalisante « immigration=insécurité ». On sait aussi que personne n’a envie d’une installation de campements sauvages au pied de son immeuble. Par exemple, la destruction de l’immense campement du Nord de Paris (installé depuis … hum hum… deux ans ! Mais que faisait donc le si efficace Nicolas Sarkozy ??) ne devrait ni choquer ni surprendre pour qui l’a vu d’un peu près.
On comprend enfin qu’il faut du temps pour préparer et construire des installations adéquates, comme l’avait promis le candidat Hollande (« lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées »).
Mais il n’en demeure pas moins qu’il y a double urgence: humanitaire et symbolique. Et le « retour aux pays » de celles et ceux qui sont roumains ne sert à rien.
Un commentaire ? Lâchez-vous… poliment.