Voici ce que nous écrivions, sur Sarkofrance, quand Nicolas Sarkozy théatralisa « sa » guerre en Libye.
Rappelez-vous, comparez, et jugez.
Le 23 mars 2011: 203ème semaine de Sarkofrance : Sarkozy agite les peurs
Ce fut sa première semaine de guerre. Nicolas Sarkozy s’y croyait. Un pur bonheur. Le colonel Kadhafi, ancien hôte de l’Elysée, est un épouvantail facile et surtout utile. Après les révolutions tunisiennes et égyptiennes, la guerre en Libye excite les peurs migratoires, sert la cause droit-de-lhommiste oubliée depuis 2007, et divertit l’opinion publique française de sujets plus sérieux et moins glorieux comme la précarité des chômeurs en fin de droits, l’envolée des prix alimentaires ou l’inquiétude nucléaire.
Bref, cette semaine fut idéale pour le candidat Sarkozy. (…)
Le 20 mars 2011: Risposte contre la Libye : le nécessaire et l’affligeant
Il a fallu des semaines d’atermoiements avant d’arriver à ce résultat. L’espoir renaît à Benghazi dont s’échappaient, ces derniers jours encore, des cohortes d’humanitaires, de journalistes, et de civils devant la fulgurante avancée des troupes du colonel Kadhafi. Le Conseil de Sécurité de l’ONU s’était enfin décidé, jeudi 17 mars, à autoriser des raids aériens pour empêcher le massacre de civils. En France, les éloges à la diplomatie française furent unanimes. On nous présenta le discours d’Alain Juppé comme un moment fondateur ; et les appels de Nicolas Sarkozy pour une opération militaire contre le dictateur libyen depuis la semaine dernière comme une initiative courageuse.
Mais en réalité, rien n’est moins sûr.
Le 19mars 2011: 202ème semaine de Sarkofrance : comment Sarkozy s’est choisi Kadhafi
En quelques heures, par un revirement dont il a le secret, Sarkozy avait désigné Kadhafi à la vindicte internationale. Quand, jeudi soir, le Conseil de Sécurité approuve enfin le blocus du ciel libyen, la Sarkofrance exulte. Et en quelques heures, par un aveuglement dont elle a le secret, la France médiatico-politique redevenait sarkophile.
Le 18 mars 2011: Comment Sarkozy se prend pour Churchill.
La France n’est pas en guerre, mais la brutale accélération des troubles du monde a permis à Nicolas Sarkozy de redresser son image. Devant des chefs d’entreprise, il insiste sur le sang-froid nécessaire, pour mieux refuser le débat nucléaire. Le soir, il publie une violente et urgente missive à destination du conseil de sécurité de l’ONU afin qu’une intervention militaire même modeste et aérienne soit rendue possible en Libye. La crise libyenne déstabilise d’abord les marchés pétroliers. Et le lendemain, il s’impose chez des pompiers pour une inauguration-prétexte, et louer le courage des soldats du feu, en France comme au Japon. Il n’est évidemment pas sûr que l’électorat gobe aussi facilement ce nouveau story-telling présidentiel. Mais le candidat déploie tous ses efforts.
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