« Les alliances se composent et se décomposent en fonction des sujets. »
Dans une réponse à Elie Arié, en marge d’un précédent billet, je voulais expliquer qu’on peut s’allier sans être d’accord. Elie défendait l’idée que la gauche est irrémédiablement découpée « entre ceux qui veulent continuer à construire une Europe fédérale fondée sur la « concurrence libre et non faussée » et ceux qui veulent poser des limites au libéralisme et redonner davantage de pouvoirs aux Etats » . Ce n’est pas le seul clivage. Et il y a bien d’autres convergences, et pas seulement sur des sujets sociétaux. Penser qu’il faut que nous soyons d’accord sur tout pour avancer est une aberration que personne ne partage, pas même Elie. On admet qu’il y ait des alliances circonstances, qui ne valent pas accord sur tout, loin s’en faut.
Ces évidences sont aujourd’hui négligées. Celles et ceux qui se sont éloignées de la politique hollandaise doivent ressentir ce malaise plus fortement que d’autres. Nous souffrons de cette politique du pire et du primaire. L’injonction « rejoins-moi ou crève » frappe les esprits et parfois les coeurs. L’échec électoral socialiste ne vient pas d’un élan sur sa gauche, poussé par des propositions ambitions et une adhésion populaire manifeste. Il vient de l’échec politique de François Hollande. Cela ne me fait pas plaisir d’écrire cela.
Je pense aux autres comme moi, à ceux qui y croient encore, à ceux qui pensent qu’ils croiront demain. Je n’ai nulle envie de les taper, de leur hurler dessus, de les accuser de je-ne-sais-quoi.
J’espère qu’ils réussiront à me convaincre. J’espère que nous réussirons à les convaincre.
Après Hollande, il y aura quoi ?
Il y a à gauche, dans ce qu’on appelle la gauche politique ou institutionnelle, une véritable césure entre la révolution et la réforme. Elle n’est pas nouvelle, nos éditocrates la commentent depuis des lustres. L’extrême gauche l’analyse tout autant à longueur de bouquins. On a pensé un temps que ce débat s’était clos avec la chute du mur de Berlin, le triomphe du libre-échange, etc, etc.
Cette réalité, qui nous est tombée dessus quand je franchissais la vingtaine, m’a éloigné durablement des analyses systémiques, des grands débats théoriques sur le sens du monde et les logiques sociales. Je ne crois pas être le seul, malgré une envie répétée de saisir les réalités sous un angle essentiellement politique.
Il ne reste plus que la logique des alliances, la tactique du compromis, le besoin de la négociation. A défaut de solution unique, il faut préférer le pragmatisme politique ponctuel. Qui peut nous aider à améliorer non pas les conditions sociales dans leur ensemble mais telle ou telle situation ? Le mal-logement (thème qui revient à la mode avec la fin de la trêve hivernale), la précarité des chômeurs partiels, ou les chômeurs en fin de droit ? Le déficit de l’Etat, la tutelle des grands bailleurs, la concurrence par le bas des pays émergents ? La pollution dans nos grandes villes, la malbouffe dans nos assiettes, l’homophobie ou le sexisme dans nos écoles ?
Sur ces sujets, pris un à un, on trouvera des convergences très facilement. Le blocage vient plutôt d’ailleurs, de cette envie si archaïque ou inappropriée de persister à pratiquer le « tout ou rien ».
Vous voulez tout, vous n’aurez rien.
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