Je n’ai pas été déçu par le Congrès Socialiste


Le 75ème Congrès du Parti Socialiste à Reims s’est achevé. Participant avec d’autres confrères blogueurs pour couvrir l’évènement, je n’ai pas été déçu par le Congrès Socialiste. Sans ironie, ni provocation. Les enjeux ont été clarifiés, sans doute une bonne fois pour toute.

1. Aucune divergence de fonds

Bertrand Delanoë l’a reconnu dimanche: la motion qu’il défendait n’avait que l’épaisseur d’un trait de différence avec celles de Hamon ou Aubry. Et aucune des 3 motions « minoritaires » n’a suggéré de modification au texte proposé par la motion Royal-Collomb, lors de cette fameuse « commission des résolutions » qui s’est tenue dans la nuit de samedi à dimanche. Les leaders socialistes sont proches sur le fonds. C’est une bonne chose.

Dimanche, Ségolène Royal a été sifflée deux fois. La première, quand elle enjoignait les militants à se lever, une posture presque christique qui en agace plus d’un. La seconde, quand elle a cité dans son discours le témoignage d’une précarité, celle d’une retraitée qui n’avait plus les moyens de survivre. Des « militants » socialistes l’ont sifflé à ce moment précis. Argh !

2. Le front du refus en échec.

L’échec de Delanoë, Aubry et Hamon à fusionner en dit long sur un point majeur: leur rivalité personnelle est plus forte que leur haine de Royal. L’hostilité de Royal, à) en croire les coulisses de ce congrès, est double : une répulsion personnelle contre l’ex-candidate, et un  désaccord sur la présidentialisation du Parti Socialiste qu’elle est seule à assumer. Delanoë et Aubry crient au combat d’idées. Mais in fine, ils pensent autant que Royal à leur poste de numéro 1.

3. De beaux moments.

Dimanche matin, les différents représentants des motions en lutte pour le pouvoir au Parti Socialiste se sont exprimés à tour de rôle. Bertrand Delanoë, confondant gravitude et courage, a eu cette curieuse expression. Il s’est désolé de n’avoir pu se mettre d’accord avec les motions concurrentes avec lesquelles lui-même reconnaît n’avoir que des nuances de désaccords sur le fonds. Un gage de rassemblement à gauche ?

Vincent Peillon s’est déclaré surpris de l’absence de critique sur le fonds du texte proposé par Royal juste avant le Congrès. Samedi soir, lors de la réunion (privée) des délégués de la motion E, il a expliqué que le seul point commun des motions adverses étaient leur refus de discuter du moindre compromis avec l’équipe Royal.

Martine Aubry a « avoué » que la Motion E (Royal-Collomb) ne faisait aucun préalable de personne. »Oh, il y a une araignée sur le pupitre. Adeline, le ménage a été mal fait cette nuit. » s’est-elle exclamée surprise au milieu de son discours. « J’ai tué l’araignée » lui a répondu Benoît Hamon.

Hamon s’est empressé de scander, dimanche matin : « Nous allons sortir de cette épreuve ensemble. » Ensemble, vraiment ?

4. La cohabitation socialiste ?

Le simple sympathisant ignore peut-être une chose du fonctionnement du Parti Socialiste. Ce dernier est peut-être en passe d’inventer une cohabitation endogène. Le vote des militants socialistes jeudi prochain sera déterminant. Si Ségolène Royal gagne, elle aura à faire avec un « Conseil National » majoritairement hostile. Ce « présidentialisme », voulu par Jospin, est finalement une bonne chose. Un parti doit avoir des statuts cohérents avec le régime politique dans lequel il concourt. Le PS n’a pas fini sa mue. Il conserve encore quelques restes d’un fonctionnement digne de la 4ème république.

5. La ligne politique est claire.

Il n’y a que des journalistes amateurs pour croire que le Parti Socialiste n’a pas de ligne politique claire. Il défend toujours une régulation du marché, la défense des principes républicains, la protection des fragiles « sans excès révolutionnaires. » J’ai mal perçu la spécificité de la motion Hamon. Faut-il crier « A GAUCHE » plus fort que les autres pour être qualifié de gauchiste ?

Le vrai clivage est ailleurs : Ségolène affiche franchement son « socialisme décomplexé« , en usant et abusant de termes nouveaux et provocateurs pour la gauche historique; Aubry et Hamon tiennent des discours classiques qui rassurent. On crie « à gauche ! A gauche ! » Mais les précaires du pays s’en foutent. On sait bien que vous gouvernerez pareillement.

L’enjeu est ailleurs : voter pour un changement; entériner une élephante; soutenir un « jeune vieux. »

Camarades socialistes, choisissez bien.

Si j’étais socialiste, je voterai Royal, sans hésiter.

N’hésitez pas.

8 réponses à « Je n’ai pas été déçu par le Congrès Socialiste »

  1. Tu n’es pas déçu, mais j’ai du mal à comprendre on peut ne pas être déçu en voyant ce spectacle, où les égos priment sur les massacres entre personnes, alors justement qu’il n’y a fondamentalement peu de divergences entre eux. Moi je serais terriblement déçu au contraire si j’étais au PS, de voir cette image pitoyable véhiculer dans l’opinion …

  2. Pour commencer à comprendre, il faut faire tourner une table.

  3. SalutJuan,

    Ca fait plaisir de lire un tel billet.

    Bien à toi,

    Founet
    http://www.lozere-socialiste.fr

  4. @Lancelot : j’aurais été déçu si le PS s’était retrouvé balkanisé par des sujets de fonds, ce qui n’est pas le cas. Des histoires de personnes ? C’est le lot de la politique. C’est comment au Modem, avec Bayrou ? 🙂

  5. Oui c’est le lot de la politique, mais pour gagner il faut un leader incontesté, et le PS ne l’a pas.

    (et par pitié, pas toi, sur le « et au modem blabla », bientôt le « je vous ai laissé parler alors maintenant écoutez moi » ?)

  6. @Lancelot : je suis déçu que le PS n’est pas trouvé son chef, si tu veux me le faire dire. Mais je n’avais pas de grand espoir. le PS n’a pas fini sa mue. Il faut un vote jeudi. S’il échoue, tant pis pour eux. S’il gagne, je pense que Ségo aura le courage de faire le ménage.

  7. […] Si j’étais socialiste, je voterai Royal, sans hésiter. […]

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