Certains, voyant que le gouvernement Hollande pratique des mesures que l’on pourrait aisément qualifier de sécuritaires, s’étonnent que des anti-sarkozystes notoires ne soient pas davantage choqués.
Il est temps de faire cette confidence, essentielle mais déjà connue pour celles et ceux qui lisaient nombre de mes consoeurs et confrères Left-Blogueurs: contrairement aux caricatures propagées ici ou là ces dernières années, une large fraction de la gauche n’a aucun souci à assumer, défendre et supporter le retour de la loi et l’ordre.
Cela peut choquer, agacer, énerver certains de nos camarades de combat. Ecolo, je sais que la sécurité n’a jamais été le grand fort de mon camp, avant que des personnalités comme Jean-Vincent Placé ou Stéphane Gatinon ne rejoignent Europe Ecologie Les Verts.
Je laisserai mes consoeurs et confrères s’expliquer s’ils pensent que c’est utile.
1. Pour ma part, je n’ai cessé de fustiger l’incompétence de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre l’insécurité. Cet homme s’est révélé mauvais, malgré l’illusion sur le sujet qu’il est parvenue à alimenter, au moins pendant la période 2002-2008.
2. Nicolas Sarkozy a ajouté l’outrance à l’échec. Accordons lui, pour ses débuts, qu’il croyait bien faire. Mais son obstination ressembla finalement à une fuite en avant. Contre l’outrance de Sarkozy, il fallait pas se tromper.
J’attends de la gauche au gouvernement – Valls compris – qu’il lutte contre la délinquance en nous épargnant les surenchères verbales. L’insécurité est un sujet trop grave et trop sensible aux dérapages pour qu’on en fasse encore un sujet de communication politique. Et, pour le coup, pour le moment, Manuel Valls nous a épargné d’un passé sarkozyste récent.
« En matière d’insécurité, il ne faut pas stigmatiser, crier, exhulter, éructer. Il faut agir, et agir passe sans doute par la parole et le discours, mais sans désigner certaines populations, certains groupes, certaines classes. » (Billet du 24 août 2010, trois semaines après le discours de Grenoble)
3. L’explication préventive et sociale est loin d’être suffisante. Elle ne m’a jamais semblé pertinente pour répondre à des urgences immédiates. L’insécurité se vit au quotidien. C’est peut-être un sentiment, une perception davantage qu’une réalité. Il n’empêche. « Sanctionner la délinquance de proximité suppose des forces de police de proximité, une justice expéditive rapide, une sanction réelle, une rédemption possible » écrivais-je en août 2010.
Je ne retire pas une ligne.
4. La question de l’immigration, malheureusement toujours intégralement gérée par le même ministère que les questions d’ordre et de sécurité, est un tout autre sujet. Le respect de la loi – légalité des entrées sur le territoire, expulsions des clandestins, etc – est une évidence. A gauche, nous sommes nombreux à ne plus vouloir entendre parler de « régularisations massives« . Expulser des clandestins ne m’a jamais choqué sur le principe. Toute est une question de méthodes, de règles, d’objectifs. Certains exemples individuels d’expulsions ou d’arrestations de sans-papier sont toujours inacceptables, autant qu’hier sous Nicolas Sarkozy. Mais ne confondons pas les sujets (*).
(*) Précision de 16h26 après un échange ci-dessous avec Rosaelle: les conditions de régularisation sont aujourd’hui indignes et/ou décourageantes.
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